Le dangereux signal des « 75% »

Difficile d’être maire de Neuilly et de réagir à la proposition de taxer à 75% les revenus supérieurs à 1MEUR par an. J’entends déjà les réactions … Pourtant ce signal donné par François Hollande m’inquiète. C’est comme « entrepreneur » que je veux réagir car – bien que très très très loin de tels revenus – je mesure le risque d’une telle proposition. A l’heure où nous devons faire évoluer notre économie pour qu’elle soit à nouveau compétitive il est fondamental que nous encouragions l’émergence d’une nouvelle dynamique entrepreneuriale. Or l’idée même de confisquer plus des 3/4 d’un revenu réel ou potentiel est un signal désastreux vers tous ceux qui ont encore cette capacité de prise de risque, d’invention, d’investissement ou d’initiative. François Hollande applique aux « entrepreneurs » actuels (et futurs) les reproches qu’il fait (légitimement) aux « patrons » du CAC 40 pour leurs rémunérations excessives voire indécentes ! Cette confusion est dangereuse et contre-productive car ces entrepreneurs sont le principal vecteur de création de richesses qui nous permettra demain de retrouver les voies de la croissance et de l’emploi. Beaucoup ne gagneront jamais de telles sommes mais le signal donné traduit un état d’esprit. Une chose est de réglementer les rémunérations des patrons-salariés des grandes entreprises; une autre est d’encourager ceux qui créeront les nouvelles activités qui nous permettront de rebondir dans la mondialisation. La France a 390.000 millionnaires en $. Notre place est à rapprocher de nos positions en terme de croissance et de pertes structurelles d’emplois : Nous sommes là aussi en dernière position après les pays émergents, les USA, le Japon, la Grande Bretagne et l’Allemagne; nous sommes le pays où le nombre de nouveaux millionnaires progresse le moins vite (3% contre 8% environ) et celui où ils sont le plus âgés (74 ans en moyenne) … Bref tous les signes d’un pays qui, progressivement, laisse se tarir l’envie d’entreprendre. François Hollande ne semble pas comprendre la relation entre l’entrepreneuriat, le renouvellement économique et l’emploi; ni la réalité de la concurrence fiscale qui s’exerce en Europe; ni même le potentiel d’attractivité de nouvelles zones de développement dans le monde. Sa proposition va directement à l’encontre des dynamiques d’innovation et de compétitivité. Ce n’est pas le patron de Publicis (président de l’AFEP – Association Française des Entreprises Privées) ni les joueurs de foot que je voudrais entendre sur cette mesure mais tous les « vrais » entrepreneurs, ceux qui prennent des risques, ceux qui s’endettent, ceux qui ont réussi en partant de rien, ceux qui créent de la richesse et des emplois en France … Nous sortirons de la crise en encourageant les entrepreneurs et en diminuant les dépenses publiques. François Hollande propose l’inverse ?!

7 réflexions au sujet de « Le dangereux signal des « 75% » »

  1. Pour répondre à Yves qqles semaines plus tard….
    en fait ns sommes d’accord tt est une question de seuil, d’assiette et de curseur mais à un moment donné il faudra bien y passer
    par ailleurs et là peut être que vs ne serz pas d’accord, mais pour moi payer l’impôt c’est donner à son pays et je trouve scandaleux que les gros revenus s’exilent/ c’est le public français qui a fait la gloire de Johnny Haliday, or il refuse de rendre à son pays ce que le pays lui a donné en faisant bénéficier la Suisse de ses revenus, ce n’est pas un comportement citoyen

  2. Quel entrepreneur autre que CAC 40 et très gros groupes déclarent 1M€ de revenus annuels? Aucun parce que comme le dit très justement un des commentateurs, le vrai entrepreneur qui est tout sauf capitaliste réinvestit ds son entreprise.
    C’est pourquoi je suis pour la taxation à partir d’1M€ déclarés à 75% des revenus indécents pour une redistribution plus juste
    En outre, sur les 1M€ déclarés, combien d’euros défiscalisés grâce à des conseillers fiscalistes que ces derniers peuvent se payer. L’impôt doit être plus justement réparti, les hauts revenus doivent participer au budget du pays à proportion de leur gain. Les caisses sont vides, il ne faut pas faire dans la dentelle!

    • Bonsoir Vik, Je ne partage pas votre point de vue principalement pour une raison d’éfficacité.
      Les gros revenus sont déjà hors de France et une bonne partie de ceux qui restent s’arrangent pour minorer leur impôt. De plus, les personnes éventuellement concernées qui accepteront de rester sur le territoire auront le réflexe bien français (et au demeurant bien compréhensible) de refuser de se laisser « tondre » -c’est ce réflexe qui a fait que le « bonus-malus » a couté si cher aux finances publiques, beaucoup de gens aimant mieux payer plus cher une voiture émettant moins plutôt que de payer un malus (pourtant payable qu’une seule fois). Si les gens limitent alors leurs rémunérations, qui sera gagnant? Personne, et encore moins l’économie. Je suis très heureux qu’il y ait des gens riches car il faut beaucoup d’argent pour entretenir tout notre patrimoine national (tous ces chateaux, maisons de campagne etc… que les gens ont pu acquérir grâce au contexte économique des 30 glorieuses et quelques… Mais maintenant il faut entretenir tout cela et pour cela il faut beaucoup d’argent. Je suis content que des gens puissent s’offrir des sacs Hermès à 3000 ou 10 000€ car cela fait travailler des centaines d’ouvrières et ouvriers à Pantin et ailleurs, plutôt correctement payés etc….Par contre tout dépend plutôt de la façon dont l’argent est acquis. Lorsqu’il s’agit d’un patron du CAC 40 (ou similaire) qui en réalité n’est qu’un simple salarié (ou assimilé) , je ne vois pas ce qui autorise de tels salaires. Ces personnes ne risquent pas leur capital (Nous avons même de nombreux exemples ou ce sont eux qui mettent en danger le capital de leurs actionnaires). Et surtout que l’on ne me parle pas pas de l’obligation qu’il y a à payer autant un « quasi salarié » en raison d’une soi-disant concurrence internationale car on trouvera toujours un bon manager qui acceptera par ex 2M€ au lieu de 4M€ car les places sont interessantes et ils sont nombreux à vouloir les occuper. Par contre, celui qui crée une entreprise, de l’activité économique, des emplois etc… et qui prend tous les risques et parfois même souvent y laisse une part de sa santé, au nom de quelle « justice » devrait-il payer encore davantage. Qu’il y ait un effort exceptionnel demandé une fois à l’ensemble des contributeurs du pays, et là, à proportion de leurs capacité contributive, je suis pleinement d’accord et j’en suis même partisan de longue date, mais erriger en système que tous ceux qui gagnent plus de x (1M€ ou pourquoi pas moins demain) seront « tondus »: NIET. En réalité, il faut remettre à plat tout notre système fiscal (ce qu’aurait pu faire le Pdt actuel mais il n’en a pas eu le courage et puis renvois d’ascenseur oblige…) et prendre également en considération dans la base imposable TOUS les revenus disponibles, qu’ils soient le fruit d’une activité ou des revenus sociaux. Ensuite il appartiendra au politique de mettre le curseur à tel niveau.

  3. nous assistons là encore au manque de clarté des politiques et à l’aspect démagogique des politiques dans un pays où plus 50 % des personnes ne paient pas d’impôts mais profitent du système

    en effet on mélange les créateurs d’entreprise qui ont pris des risques …qui en général ne se sont jamais payés 1 million par an car cela aurait été au détriment de leur activité et les « managers  » dans les grands groupes qui se paient (sur le dos de leurs actionnaires) des fortunes sans aucun risque

    en fait je n’ai encore jamais entendu un politique dire le côté néfaste de l’ISF qui en fait « rapporte » très peu au regard des pertes colossales de revenus pour l’état (ne serait qu’au niveau de la TVA) que représentent l’exil fiscal de nombreuses fortunes ..

    pour les faire revenir , il faudrait que les politiques cessent de faire

    ce genre de déclaration …à chaque élection

  4. Et si on suscitait l’envie d’entreprendre en encourageant la créativité, la prise de risques, dès l’enfance , à l’école par exemple?
    Et si les jeunes des « quartiers » se sentaient reconnus et soutenus dans leurs initiatives, et non traités de citoyens de seconde zone…?
    Il me semble que l' »esprit d’entreprise » c’est aussi toute une culture, une confiance en soi qui manque tant à nos concitoyens et à notre pays dans son ensemble..
    .En ce sens, l’exemple du Maire de Neuilly est à lui seul un message extrêmement fort!! : Il faut oser!…..

  5. Je partage la position de Jean-Christope Fromantin sur le signal négatif envoyé aux entrepreneurs ou aux futurs entrepreneurs. j’aimerais bien savoir aussi combien coûte la mise en oeuvre opérationnelle d’une telle disposition et combien elle rapporte réellement, surtout si cela génère une fuite des capitaux et des hauts revenus à l’étranger…

  6. On n’entend pas les entrepreneurs tout simplement parce qu’ils ne sont pas concernés : trouvez moi un créateur d’entreprise (n’ayant pas vendu son entreprise) se rémunérant plus d’1 million par an et qui ne mette pas ainsi son entreprise en faillite.
    Vous le dites vous-même : malgré une fiscalité aujourd’hui très favorable aux riches (taux marginal inférieur à celui du UK ou de la Belgique pour ne citer que 2 pays où sont censés s’exiler les riches), notre taux d’entrepreneuriat est très faible. Le problème n’est donc absolument pas là.

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