Jean-Christophe Fromantin et Damien Abad, les nouveaux visages du fillonisme

Caroline Vigoureux revient sur mon soutien à François Fillon dans un article de l’Opinion.

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Après le psychodrame de la semaine dernière, l’équipe de campagne de François Fillon devrait compter de nouveaux soutiens. Ces derniers jours, des visages moins connus ont émergé.

Les faits – François Fillon tient une réunion publique ce jeudi à Besançon. Le candidat de la droite et du centre se remet doucement de ces derniers jours, qui ont vu la droite vaciller avant que les ténors du parti ne finissent par lui réaffirmer leur soutien. Plusieurs membres de l’équipe de campagne sont partis. Et l’ancien Premier ministre compte s’appuyer sur une équipe resserrée, qui devrait être présentée en début de semaine prochaine. À ses côtés dimanche sur la scène du Trocadéro, se trouvaient notamment les députés Jean-Christophe Fromantin et Damien Abad. Chacun dans leur rôle, les deux hommes ont pris ardemment la défense d’un candidat affaibli.

C’est lui qui apparaît dimanche sur la scène derrière François Fillon, à droite du candidat, fines lunettes sur le nez, sous une pluie battante. C’est lui qui acquiesce de la tête lorsque François Fillon dit qu’il croit « être, profondément, un honnête homme ». C’est encore lui qui, depuis plusieurs jours, sillonne les plateaux télés et radios, bombarde la presse de communiqués pour prendre la défense de l’ancien Premier ministre. Le visage de Jean-Christophe Fromantin sera désormais sur toutes les images du discours du Trocadéro.

Pourtant, le maire de Neuilly-sur-Seine n’a rien d’un filloniste, ne fait pas partie de l’équipe de campagne et n’est même pas encarté chez les Républicains. En fait, le député avait annoncé son soutien à François Fillon dans une interview au Figaro le 24 janvier. Ce jour-là, Le Canard Enchaîné publiait ses premières révélations sur ce qui allait devenir l’affaire Penelope. Le ralliement est passé complètement inaperçu.

Mercredi dernier, quand François Fillon annonce sa probable mise en examen le 15 mars, Jean-Christophe Fromantin redit publiquement son soutien à l’ancien Premier ministre. Un choix à contre-courant au moment même où une partie de la droite se retire de la campagne. « Rien ne justifie qu’on mette sur le même plan l’affaire Penelope et le programme, plus personne ne fait preuve de discernement », explique l’édile neuilléen.

Quand Jean-Christophe Fromantin envoie dans la foulée un texto de soutien à François Fillon, la réponse du candidat, plus affaibli que jamais, est immédiate : « Voyons-nous dès que possible ». Les deux hommes s’entretiennent en tête-à-tête vendredi dernier, au QG de campagne du candidat. Ce jour-là, le grand bâtiment de 2 500 m2 est désert. C’est l’une des pires journées pour François Fillon, les défections tombent en cascade. « Êtes-vous prêt à vous mobiliser ? », questionne l’ancien Premier ministre. Affirmatif, répond le député ex-UDI. Voilà comment l’homme de 54 ans se retrouve deux jours plus tard au premier rang lors du meeting décisif du Trocadéro.

Depuis cette entrevue, Jean-Christophe Fromantin a déjà organisé deux réunions publiques en soutien à François Fillon dans sa ville de Neuilly. L’ancien Premier ministre ne lui a pas encore proposé de postes dans sa nouvelle équipe resserrée mais dans les faits, le député campe déjà celui de porte-parole. En échange, il n’a rien négocié. Les législatives, il les prépare depuis des mois avec son mouvement « 577 pour la France », qui vise à présenter des candidats sur tout le territoire.

Centre droit. S’il est un soutien précieux pour François Fillon, c’est parce que l’homme veut ramener à lui un électorat de centre droit. Jean-Christophe Fromantin a quitté l’UDI en 2015. La formation de Jean-Christophe Lagarde a signé mardi son retour dans la campagne mais une partie de son électorat est déjà partie chez Emmanuel Macron. « L’UDI est dans un exercice personnel opportuniste, sa position d’appareil est inaudible. Il y a une vraie place à prendre pour défendre François Fillon en tant qu’homme indépendant et non en tant que parti. Macron y arrive très bien à gauche, ça manque à droite », plaide-t-il. Exit donc le discours virulent du candidat à l’encontre de la justice et de la presse. « Ce n’est pas possible de continuer avec ce type d’interventions. Depuis le Trocadéro, il est sur un autre registre », estime Jean-Christophe Fromantin.

Après avoir un temps été tenté par Emmanuel Macron, qu’il apprécie à titre personnel, le centriste a finalement préféré le programme économique de François Fillon. Avec le candidat, il partage aussi les valeurs conservatrices sur les questions sociétales. Au moment du mariage pour tous, le député avait longuement bataillé contre le texte dans l’hémicycle et défilé aux côtés de la Manif pour tous, très présents lors du grand rassemblement dimanche.

Dramaturgie. Sur cette même scène du Trocadéro, se trouvait au premier rang le député de l’Ain, Damien Abad, 36 ans. « On avait toute la dramaturgie, la pluie, le vent de face, puis le soleil. Si François Fillon gagne, cette scène restera dans les annales de l’histoire », pense-t-il. Le président du Conseil général de l’Ain a été mis en avant dès mercredi. Le jour où le candidat annonçait sa probable mise en examen, un communiqué était envoyé par l’équipe de presse de François Fillon et signé de la main de Damien Abad, pour dire qu’il soutenait toujours l’ancien Premier ministre.

Il s’agissait là de montrer qu’un ancien soutien de Bruno Le Maire faisait le choix de rester dans la campagne alors que l’ex-candidat à la primaire et plusieurs de ses proches annonçaient quelques heures plut tôt leur retrait. « Je n’ai jamais eu de doute, je n’ai jamais cru au plan B. C’était compliqué de dire à Alain Juppé “viens nous sauver mais n’applique pas ton programme” », fait-il valoir. Lui reste convaincu que l’affaire Fillon se finira par un non-lieu. « On lui fait un procès sévère, François Fillon n’est pas le plus tordu des hommes politiques auxquels on a eu affaire ».

Maintenant que le candidat cherche à recoller les morceaux pour poursuivre sa campagne, Damien Abad aura un rôle bien particulier. Il est en train de préparer une tribune de soutien à François Fillon avec l’ensemble des présidents de département de droite. Le député tente aussi de retisser le lien avec les anciens soutiens de Bruno Le Maire. La députée d’Eure-et-Loir, Laure de la Raudière, pourrait notamment revenir. Le cas de Bruno Le Maire semble plus tranché. La campagne de François Fillon est derrière lui.

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