Lettre ouverte au Président de la République en réponse à son courrier du 16 novembre 2018 aux Maires de France

Jean-Christophe FROMANTIN

Maire

 

 

Emmanuel MACRON

Président de la République

Palais de l’Elysée

Rue du Faubourg Saint-Honoré

75008 PARIS

 

 

 

Monsieur le Président de la République

 

Je viens de recevoir la lettre que vous avez adressée aux Maires de France.

Vous évoquez la « DGF », la « DSIL », la « DETR », la taxe d’habitation et la contractualisation ; vous rappelez également l’existence d’un grand ministère des territoires au service des Maires. Tous ces éléments participent effectivement de nos préoccupations quotidiennes.

 

Pour autant votre communication passe, me semble-t-il, à côté du sujet essentiel de la part du Président de la République que vous êtes : Celui de votre vision des territoires et de leur avenir dans un monde qui a profondément changé.

C’est sans doute l’absence de réponse à cette question fondamentale qui provoque aujourd’hui les inquiétudes des populations dont nous sommes les premiers interlocuteurs.

 

Car, à l’heure où se combinent deux phénomènes de métropolisation et de digitalisation, porteurs de risques de nivellement culturel, de désertification, d’isolement et d’exclusion des moins qualifiés, il est légitime de s’interroger.

Que restera-t-il de nos villages, de nos villes moyennes et de nos territoires dans les années à venir ? Qu’en sera-t-il de la vie dans les métropoles si la concentration urbaine se réalise au détriment de l’environnement, de la qualité de vie et de l’équilibre des territoires, dans une compétition mondiale vide de sens ? Qu’en sera-t-il de la modernité si elle nous conduit à perdre toute authenticité culturelle qui fait la richesse du monde et à déraciner les femmes et les hommes souvent au péril de leur dignité et de leur bonheur ?

 

Aujourd’hui la politique est pauvre sur ces questions. Elle est pratique, technique, ou comptable ; elle est aussi conjoncturelle ou émotionnelle, mais il lui manque, me semble-t-il la profondeur indispensable pour ne pas laisser nos communes subir cette période de transformation qui mérite notre mobilisation comme vous le souhaitez.

Votre politique territoriale aura du sens si elle défend une certaine idée du progrès, inspirée par les valeurs de notre République, par l’histoire et la géographie de notre pays, par les talents des Français. Elle sera pertinente seulement si elle permet à chacun d’être heureux là où il vit ou là où il souhaite vivre.

 

Cette attente d’une France mieux distribuée, connectée au monde, configurée pour que tous les territoires bénéficient des leviers d’innovation, attentive à ce que chacun retrouve un lien social et une qualité de vie, inscrite dans une perspective de développement durable, accueillante pour ceux qui la visitent comme pour ceux qui voient dans ses valeurs une espérance, appelle un renversement de paradigme. Elle doit s’incarner dans un projet de société ; elle doit irriguer toutes nos politiques publiques afin de permettre un développement cohérent et harmonieux de tous les territoires. Cela passe par la revalorisation de notre patrimoine matériel et immatériel ; par une nouvelle politique d’aménagement du territoire dans toutes ses dimensions logistique, administrative ou numérique ; par un programme d’investissement ambitieux porté avec les Français ; par des politiques de solidarité de proximité.

 

C’est cette vision que nous attendons de votre part. Celle de la place de nos communes dans un monde dont l’uniformisation risque, faute d’ambition, d’anéantir la diversité de nos territoires et de toutes les richesses humaines, sociales et économiques dont les Maires se sentent les dépositaires.

 

Je suis convaincu que l’enjeu est là. C’est cette ambition que vous devez porter avec autant de conviction que celle que vous mettez à défendre l’idée européenne.

 

Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, en l’expression de ma haute considération.

 

 

 

 

 

Jean-Christophe FROMANTIN

Une réflexion au sujet de « Lettre ouverte au Président de la République en réponse à son courrier du 16 novembre 2018 aux Maires de France »

  1. Bonjour Monsieur le maire,
    Nous nous étions rencontrés à la mairie de Neuilly peu avant les élections présidentielles, avec quelques amis entrepreneurs en province au sujet de la refondation de la vie politique française , suite à la parution de votre livre. Nous avions fait part de notre analyse du décalage de plus en plus important entre la société civile et ses « représentants politiques à vie  » et hors sols. Nous voulions vous dire combien , même en tant qu’ entrepreneurs nous partageons le ressenti des gilets jaunes et soutenons ce mouvement. Nous espérons qu’une seule chose c’est que ce mouvement fasse boule de neige et obtienne ce que l’offre politique n’a pas su proposer: entre autre: une réduction du coût de l’Etat, une limite du cumul des mandats dans le temps, une suppression de couches du millefeuille territorial , une réduction du nombre d’élus, une maîtrise de la migration et j’ajouterai une refonte de la fiscalité pour transférer une partie des charges fiscales du monde des PME et de l’industrie vers les secteurs économiquement protégés que sont : banques , assurances , distribution d’énergie, grande distribution alimentaire etc…M. Macron a fait le contraire avec son cadeau fiscal aux banques comme me l’apprenait un expert fiscaliste appartenant à un grand cabinet anglo saxon.

    Bien à vous,
    avec toute ma considération

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