Quand l’exécutif fait des propositions fiscales aussi erratiques, il accrédite le phénomène d’instabilité qui empoisonne la France.

La créativité des ministres sur l’évolution de la fiscalité trahit la méconnaissance du fameux « cap » dont le Premier ministre et le Président nous assuraient qu’il serait tenu. J’avais compris que ce cap consistait à ne pas augmenter la fiscalité, dont acte ; mais force est de constater que les 10 milliards d’EUR déjà lâchés aux Gilets jaunes, les perspectives de croissance pour 2019 revues à la baisse, l’absence de décisions significatives sur les dépenses publiques et probablement les annonces issues du Grand débat, feront de cet objectif une chimère.

C’est sans doute ce qui explique les nombreuses prises de position des membres du Gouvernement au concours du « Comment créer de nouveaux impôts ? »ou du « Qui va-t-on faire payer davantage ? ». Ils font naturellement preuve d’anticipation. On comprend mieux.

Mais le plus catastrophique dans cette séquence de cacophonie fiscale est sa perception. Car la stabilité fiscale, dont tout le monde s’accorde sur le fait qu’elle est déterminante pour l’investissement et le développement économique, est une fois encore mise à mal par l’incohérence surprenante des positions des membres du Gouvernement. Cette instabilité est notre talon d’Achille, et c’est bien parti pour qu’elle le reste encore longtemps. Comment inciter qui que ce soit à investir dans un pays dont on est prêt à remettre la fiscalité à plat moins de deux ans après le scrutin des Présidentielles ? Comment croire à la vision commune d’un exécutif dont le Premier ministre, son ministre des finances et son ministre du budget font des propositions fiscales aussi erratiques ? Comment rétablir la confiance quand une épée de Damoclès pèse sur une économie dont les prélèvements obligatoires sont déjà les plus élevés au monde ? L’instabilité fiscale, davantage que la fiscalité elle-même, mine en profondeur notre économie. Elle nous prive des engagements nécessaires sur le long terme pour opérer de véritables transformations.

Le projet politique actuel de la France est faible à plusieurs titres : Il manque à la fois d’une vision et de ressources stables et pérennes ; il est fragile par la détérioration de ses fondamentaux économiques et sociaux. Espérons que l’atterrissage du Grand débat dépassera les mesures de circonstances pour, enfin, tracer un cap sérieux et ambitieux.

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