Le coronavirus gagnerait-il la bataille du sang-froid ?

C’est la question que l’on peut se poser en observant la fébrilité qui gagne les esprits. C’est la question que je me pose quand on me demande si je vais annuler une réunion publique dans le cadre du scrutin municipal. Les vraies questions sont celle de la confiance vis-à-vis des autorités sanitaires, celle de la cohérence dans nos propres décisions, c’est enfin celle de la responsabilité et du discernement qui valent pour chacun d’entre nous.

Les autorités sanitaires, par la voie du Gouvernement, posent des règles de prudence et des interdits. Si nous leur faisons confiance, respectons-les, attentivement, scrupuleusement, méthodiquement ; veillons, par nos actes et nos décisions, à ce qu’elles soient appliquées dans l’intérêt de tous. La porte-parole du Gouvernement a rappelé il y a quelques heures que les « décisions politiques étaient basées sur les avis scientifiques et médicaux ».  Or, à ce stade, que disent ces règles et ces interdits : De respecter des gestes barrières, de rester confiner chez soi en cas de doutes et de ne pas tenir des rassemblements de plus de 1000 personnes. Dont acte. Si on fait confiance aux autorités sanitaires, et si on considère – ce qui est mon cas – que les annonces sont faites à l’heure où elles doivent l’être, les anticiper participe d’un effet viral irresponsable.

Dans notre pays où le principe de précaution gouverne, aller au-delà des consignes, risque de nous entrainer dans un monde où les oukases gagneraient sur les libertés, où la fébrilité l’emporterait sur le discernement, où les réseaux sociaux prendraient le pas sur les décisions éclairées.

L’autre question est celle de la cohérence. On interdit les réunions de plus de 1000 personnes mais on laisse fonctionner des métros bondés. Pourquoi ? Au nom de quoi j’annulerais comme « candidat » une réunion politique alors que je laisserais fonctionner comme « maire » le cinéma municipal ? Le théâtre était complet mardi soir pour assister à une représentation théâtrale, et personne ne m’a demandé d’annuler la représentation …

Je préfère la cohérence aux postures et la logique à la panique.

Enfin, n’oublions pas que nous sommes libres : Libres de nous déplacer ou de rester chez nous, libres d’aller à une réunion ou pas, libres d’aller et venir selon nos craintes ou nos envies. Libres de suivre ce que notre raison nous dicte.

Dans une interview sur France Inter, le psychiatre Serge Hefez alertait hier sur le risque de l’angoisse quand elle devient aussi virale que le virus, et de rappeler les conséquences : « Le langage de la raison doit primer. Parce que le risque c’est bien celui de la panique. Le risque c’est que les normes s’effondrent, que le lien social s’effondre et que la panique s’empare et que là, plus personne ne s’en protège. Donc il faut montrer là aussi la solidité de ce lien social. Rappeler que les médecins sont là, qu’ils soignent, que la police est là et qu’elle protège, que les politiques sont là et qu’ils prennent des décisions. Surtout, il ne faut pas arrêter de parler du coronavirus, toujours avec le langage de la raison ».

Faisons preuve de responsabilité, de discernement et de sang-froid ! Courage …

3 réflexions au sujet de « Le coronavirus gagnerait-il la bataille du sang-froid ? »

  1. Cette réunion publique devra finalement être annulée. Si gouverner, c’est prévoir, nous dirons gentiment que madame Irma ne conseille pas le maire de Neuilly…

    C’est par ailleurs avec beaucoup de sang-froid que je m’interroge sur l’hygièno-scepticisme (ou tout du moins l’hygiène-laxisme) qui a conduit à ce que les enfants de l’école primaire Michelis A n’aient pas eu accès à l’eau courante depuis le mois de septembre, faute de robinets accessible par leur petite taille (nous sommes tous et toutes passés par là, ne l’oublions pas). En cause, des travaux de rénovation mal conduits. Ce problème a été signalé lors des deux conseils d’école qui se sont tenus depuis et figurent dans les comptes-rendus, sans qu’aucune solution n’ait été apportée à ce jour…

    La municipalité, qui est propriétaire de ses écoles primaires publiques, et maître d’oeuvre du chantier, saura nous l’espérons profiter de la fermeture des semaines à venir pour faire corriger cette malfaçon par ses prestataires et, ce faisant, faire preuve – enfin – de toute la responsabilité que le maire appelle de ses voeux sur son blog.

  2. Il est tout à fait pertinent de rappeler la nécessité de la cohérence des décisions d’un maire représentant la puissance publique et d’un candidat aux élections municipales. De plus chacun reste libre d’appliquer son propre jugement pour participer ou non à tel ou tel événement.

  3. Parfaite démonstration de ce que la RAISON dicte quand l’émotion l’obscurcit par contagion.
    Merci pour ce rappel à la civilisation

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