Budget 2026 : Une voie existe vers la stabilité …

Le risque d’une crise économique est majeur en cas de dissolution de l’Assemblée nationale. Nos fondamentaux économiques sont trop fragiles pour risquer une période d’incertitude d’autant que les hypothèses du Plan Budgétaire et Structurel à Moyen Terme (2025-2029), arrêtées fin 2024, sont d’ores et déjà fortement ébranlées : hausse de notre déficit commercial à 43 milliards sur le 1er semestre (+10%), hypertrophie de l’épargne à près de 19%, baisse de la consommation et tension sur les taux d’intérêt. Une dissolution accélérerait la dégradation de ces paramètres et ouvrirait une période de récession. La rhétorique du premier ministre risque d’aggraver la situation. En économie, le risque de prophétie autoréalisatrice est réel dès lors que la confiance s’étiole.

Par conséquent, nous devons impérativement privilégier la stabilité et défendre une trajectoire positive de redressement des comptes publics dont l’objectif n’est pas tant de satisfaire au pacte de stabilité européen que de positionner la France dans une nouvelle ère de prospérité.

 

La Commission européenne a adopté trois principes de différenciation, d’appropriation et d’incitation aux réformes, dans le but de prendre en compte les situations contrastées des États-membres. Elle propose un lissage de l’effort de redressement sur sept années (quatre années pouvant être prolongées de trois années) : soit un agenda de redressement 2025-2029-2032 que nous devons aligner sur notre calendrier électoral.

L’absence de majorité politique rend improbable l’engagement pris par le Gouvernement de « faire passer la part significative de ce redressement dès 2025 » ; en revanche, l’élection présidentielle à venir (2027-2032) correspond à la période prolongée qui s’ouvre à la France pour faire coïncider le mandat présidentiel et la trajectoire européenne.

 

Une sortie de crise pourrait s’opérer en deux temps : une limitation de l’effort à 1 point de PIB (minimum annuel demandé par Bruxelles) en privilégiant des mesures paramétriques dans le cadre d’un consensus transpartisan : soit environ 29 Mds en 2026[1] et 29 Mds en 2027 ; l’accélération de la trajectoire après l’élection présidentielle, sur la base de réformes structurelles proposées par les candidats, afin d’atteindre, au maximum en 2032, l’objectif de 3% du PIB et de faire en sorte que le redressement soit synonyme de prospérité partagée plutôt que de rigueur.

 

Cette méthode progressive aurait l’avantage d’amorcer dès maintenant l’effort de redressement, sans créer de crise politique, en respectant notre calendrier électoral, en soumettant les grandes réformes structurelles aux Français dans le cadre des élections présidentielles, et en engageant les candidats à se prononcer sur les principales transformations structurelles que sont la réforme de l’État social, les perspectives de prospérité durable et la rénovation du cadre organisationnel de la France.

 

 

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Jean-Christophe Fromantin est Économiste, Docteur en Sciences de Gestion, ancien Secrétaire du Comité de Contrôle des Politiques publiques et membre de la Commission des finances de l’Assemblée nationale (2012-2017), et Maire de Neuilly-sur-Seine

 

[1] Un arbitrage pourrait consister à retenir les mesures d’économie sur le fonctionnement de l’État (10 Mds) ; la modération des dépenses sociales (5,5 Mds), une part réduite de la participation des collectivités (3 Mds), la lutte contre les fraudes (2,3 Mds), les mesures d’équité fiscale (4,2 Mds), les mesures sur les niches fiscales et sociales (3,4 Mds) et les réformes structurelles (1,8 Mds). Soit 30,2 Mds.

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