De quelle Europe avons-nous besoin pour nous développer dans la mondialisation ?

A deux semaines des élections européennes, force est de constater l’indifférence que suscite une fois de plus cette campagne, et de regretter malheureusement, que ceux qui sont les plus bruyants sont ceux qui fustigent l’idée même de l’Europe pour tenter de nous ramener vers une configuration étriquée, strictement nationale, celle là même qui nous mènerait inexorablement à l’isolement. L’Europe est un bel héritage, il est de notre devoir de lui redonner une ambition à la hauteur de celle qu’ont eu Schuman, Adenauer ou Gasperi. C’est une condition essentielle à la construction de l’avenir et à la prospérité des nouvelles générations. L’Europe s’est créée pour faciliter notre adaptation à un nouveau monde en préservant la paix et la prospérité. C’est à partir des mêmes enjeux et des mêmes valeurs que nous devons repartir et nous poser la question : « De quelle Europe avons-nous besoin pour nous développer dans la mondialisation ? »

Trois orientations me paraissent fondamentales pour relancer une ambition européenne :

La première vise d’abord à accélérer la mobilité et les échanges entre ceux qui vivent en Europe. A quoi sert l’ouverture de nos frontières si nous ne stimulons pas en permanence cette dynamique d’échange ? Cette mobilité entre les hommes passe par des connexions plus nombreuses et plus rapides entre nos territoires. C’est une condition essentielle à la création de valeur dont nous avons besoin pour réamorcer une volonté commune, pour susciter des coopérations entre nos régions et accélérer le développement économique et l’emploi. Cette mobilité est également indispensable pour accompagner les opportunités ou amortir les évolutions que provoquerait une meilleure intégration des économies de la zone Euro (cf. le paragraphe suivant). Ce programme de développement des mobilités devrait inspirer un grand plan d’investissement financé directement par un appel public à l’épargne des citoyens européens. Il pourrait être un formidable levier de coopération et d’innovation pour nos industries européennes. Des débats comme celui qu’a suscité l’affaire Alstom devrait nous y inciter très fortement …

La deuxième orientation est celle qui consiste à se doter d’une politique économique cohérente et intégrée. La réussite de l’Europe mérite que nous proposions une trajectoire de convergence économique ; elle serait d’abord établie entre les pays membres de la zone Euro pour se prolonger progressivement vers les autres pays, pour autant qu’ils adhèrent au projet et qu’ils valident un pacte de cohérence budgétaire. Cette convergence est importante si nous voulons faire de la zone Euro un véritable espace de prospérité. C’est un chantier qui passe par une politique économique intégrée, par la mise en place d’une ressource fiscale propre et dynamique, par des stratégies industrielles complémentaires et cohérentes, par une politique partagée de commerce international et enfin par une réforme de nos institutions pour une gouvernance plus démocratique de la zone euro. Et à ceux – souvent naïfs – qui considèrent la valeur de l’euro comme la principale raison de notre faible compétitivité, au delà des contre-vérités qu’ils véhiculent, n’hésitons pas à leur rappeler d’une part que l’excédent commercial de cette zone est de près de 20 milliards d’euros et d’autre part, qu’il nous faut aussi considérer les importations comme un facteur essentiel à notre compétitivité et que, de ce point de vue, l’euro fort est un élément favorable à une politique de développement de notre valeur ajoutée. Avec un solde commercial de +198 milliards de d’euros, l’Allemagne apporte la preuve de la pertinence d’une telle stratégie pour les économies à fort potentiel d’innovation …

La troisième orientation est celle qui devrait permettre à l’Europe de prendre des positions sur les grands sujets de politique internationale. L’Europe n’existera réellement que si les pays qui la composent se dotent d’une doctrine commune sur les grands enjeux du monde. L’Europe ne doit pas se laisser constamment percuter par les crises d’un monde en mouvement, lesquelles, les unes après les autres, révèlent soit son atonie, soit son défaut d’anticipation ou le plus souvent l’absence d’un projet commun. Si l’Europe veut exister elle doit réfléchir et travailler – en lien avec les gouvernements des pays membres et les acteurs de la société civile – sur les grands enjeux contemporains ; elle doit proposer des lignes politiques qui renforceront sa cohésion et faciliteront très naturellement ses prises de position à travers le monde.

L’environnement, la sécurité, la culture, la coopération avec l’Afrique ou l’énergie sont autant de thèmes qui devraient mobiliser de grands forums européens. Ils permettraient de forger progressivement une ambition commune inspirée des valeurs humanistes, des racines culturelles et de l’esprit rayonnant des pères fondateurs de l’Europe.

 

3 réflexions au sujet de « De quelle Europe avons-nous besoin pour nous développer dans la mondialisation ? »

  1. Je trouve votre texte très intéressant et partage vos idées.
    Vous appelez à voter le 25 mai pour la liste Centriste ou pour la liste UMP ?
    Bonne continuation

  2. Cet article est excellent!
    d’accord aussi sur le commentaire ci dessus!
    il reste un argument que personne n’osera jamais mettre avant.! Vue l’incapacité de nos gouvernants à reformer,
    l’europe est notre seule chance d’imposer des reformes essentielles à la survie de notre pays,seule chance de de nous eviter le declin qui nous attend.

    Bien evidemment ce ne sont pas nos gouvernants ni meme nos politiques qui peuvent donner cet argument qui serait admettre notre incapacité à résoudre seuls nos problèmes.

  3. Excellent article!
    A l’heure où la Chine devient la 1ère puissance economique devant les EU, où la Russie tente de reprendre son hégémonie, il faut une Europe forte. Or la puissance de l’Europe suppose qu’elle soit unie (selon le vieil adage l’union fait la force) fiscalement, econmiquement et politiquement, à défaut elle disparaîtra.
    En consequence, il faut se battre pour plus d’Europe mais pas à n’importe quel prix, il faut que le citoyen europeen y trouve son intérêt et cela passe par une harmonisation des fiscalitées, des aides, et du marché.
    Malheureusement cette élection n’interesse personne de la faute de nos gouvernants à Paris et à Bruxelles qui « s’y prennent comme des manches! »

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