Bientôt de nouvelles Bourses régionales dans les grandes métropoles françaises …

Dans la nuit de vendredi 16 à samedi 17 janvier, dans le cadre des débats de la Commission spéciale sur le projet de loi « Croissance et Activités », les Députés ont adopté – avec l’avis favorable du Ministre de l’Economie – un amendement du Député UDI des Hauts-de-Seine, Jean-Christophe FROMANTIN, proposant de créer de nouvelles bourses régionales.

Le Député a souligné l’opportunité de tirer partie de l’évolution de la carte des régions, dotées d’une taille critique plus importante et d’un poids économique plus fort, pour créer des boucles locales de financement. Ces nouvelles places de cotation permettront de drainer le potentiel d’épargne disponible dans nos territoires vers l’économie régionale. Cela répondra à la fois à un besoin de plus en plus sensible de fonds propres des PME et ETI, qui n’ont quasiment pas accès aux marchés de capitaux, mais aussi au financement de nouvelles infrastructures régionales.

« Cette perspective est très positive pour le développement des entreprises et pour la croissance. Nos régions vont pouvoir jouer un rôle essentiel pour rapprocher les épargnants des entreprises de leurs territoires (…) la mobilisation de l’épargne régionale permettra de stimuler très fortement les investissements productifs créateurs d’emplois » déclare le Député des Hauts-de-Seine.

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L’appareil productif de notre pays est constitué d’une base extraordinairement large de petites, voire de très petites entreprises, d’une part, et de quelques centaines de groupes de taille mondiale d’autre part. Entre les deux, les entreprises de taille intermédiaire (ETI) ne sont que quelques milliers et leur nombre diminue. Pourtant elles sont souvent compétitives et font preuve d’une saine gestion : elles privilégient l’investissement, la culture d’entreprise et la qualité des relations sociales. Sur les 2,8 millions d’emplois créés en France ces 20 dernières années, 2,3 millions l’ont été par des entreprises de moins de 250 salariés.

Les systèmes productifs territoriaux forgent la voie de l’ouverture de la France, et les difficultés que rencontrent aujourd’hui les PME/ETI dans leur développement sont autant d’obstacles à la croissance et la création d’emplois dans notre pays.

Les raisons en sont connues : outre la lourdeur et l’inflexibilité administrative auxquelles elles sont confrontées, c’est surtout le manque de fonds propres qui, tel un « plafond de verre », les empêche de croître et, contrairement à leurs concurrentes allemandes ou anglaises, leur interdit l’accès à une taille critique – garant d’un développement équilibré et pérenne.

Dans les prochaines années, les besoins en fonds propres des seules PME devraient progresser fortement. De 13 Md € par an en 2012, ces besoins [1] pourraient dépasser les 20 Md € par an à l’horizon 2020.

Or ces besoins semblent peu susceptibles d’être couverts par les acteurs traditionnels contraints par l’augmentation du coût du crédit (Bâle III) et des placements en actions (Solvabilité II). Face à des financements externes restreints, l’autofinancement devient un facteur indispensable au développement des PME/ETI.

La France dispose pourtant d’atouts nombreux et singuliers : un fort taux d’épargne (16% du revenu disponible des ménages et un patrimoine d’épargne financière de 3 950 [2] Md €), une position dominante de l’assurance-vie (1 430 Md € d’encours théoriquement à maturité longue), des acteurs professionnels – banques et assurances – puissants et solides, et du deuxième marché de capital investissement en Europe après le Royaume-Uni.

La question n’est pas le volume ou la disponibilité de l’épargne financière des ménages, mais son allocation au moyen d’un système d’irrigation efficace et adapté aux besoins des entrepreneurs et des épargnants.

Contrairement aux grandes entreprises qui disposent de plus de latitude dans leurs modalités de financement, les PME/ETI n’ont quasiment pas d’accès aux marchés des capitaux (le financement par augmentation de capital n’est utilisé que par 7% d’entre elles, et dans une proportion encore beaucoup plus faible par offre au public) et sont donc très dépendantes des crédits bancaires dont les coûts, aujourd’hui historiquement bas, sont appelés à se renchérir dans les prochaines années (nouvelles règles prudentielles et reprise de la demande).

Dans la même veine, les rythmes particuliers de croissance, de financement des PME/ETI et d’innovation – faits de discontinuités, de successions de générations et de transmissions – requièrent une base financière de fonds propres et d’autofinancement solide, stable et durable. D’ailleurs, les prochaines années de sortie de crise vont être particulièrement délicates pour les PME/ETI dont les équilibres financiers ont été fragilisés par des marchés dépressifs et qui s’apprêtent à rembourser les crédits bancaires tendus accordés jusqu’en 2008 et 2009.

Pour contourner ces obstacles, il existe un large choix de possibilités – dont la création de bourses régionales – qui permettent de consolider les fonds propres et quasi-fonds propres des émetteurs, d’améliorer la liquidité des échanges et d’allonger la maturité des financements.

Deux conditions fondamentales sont néanmoins nécessaires pour recréer une ingénierie financière dans les territoires : (i) une taille critique suffisante, idéalement de 6 à 10 millions d’habitants, offrant une typologie variée d’opportunités et (ii) la présence au niveau régional de réelles compétences financières (notamment sur le haut de bilan).

Dans cette nouvelle organisation des flux financiers, nos territoires doivent jouer un rôle de premier ordre. Epargnants et PME/ETI vivent côte à côte, partageant les mêmes territoires, infrastructures, ambitions de développement local, préoccupations de bien-être et de qualité de l’environnement. Cependant il n’existe quasiment aucune structure régionale établie qui permette aux premiers d’investir dans les seconds.

C’est le sens de l’amendement qui vient d’être voté, introduisant le projet de mettre en place des places de cotation dans les principales métropoles françaises.

Car il y a une réelle logique à ce qu’un épargnant souhaitant contribuer au développement de son territoire et de ses entreprises et qu’il dispose de moyens sérieux pour investir localement sur la base d’une meilleure relation entre l’épargne longue, l’investissement productif et la création d’emplois.

Territoires, acteurs privés et financiers doivent étroitement collaborer dans la résolution de crises ou de discontinuités majeures dans la vie des entreprises. Si les pouvoirs régionaux n’ont pas seuls les moyens de résoudre les aspects épineux des restructurations industrielles, il leur incombe en revanche d’être à l’écoute du terrain et d’avoir une connaissance anticipée des menaces auxquelles seraient exposées les entreprises locales (réductions d’effectifs majeures, délocalisations, faillites etc.). Forte de ses capacités de mobilisation, la région doit aider à trouver des solutions d’accompagnement en amont des événements ce qui éviterait les descentes ex-post de responsables nationaux aptes au prosélytisme et peu au fait des situations industrielles. Les nouvelles régions devront compenser le tropisme de l’Etat en direction des grandes entreprises et avoir une écoute attentive des PME/ETI en s’appuyant notamment sur les filières économiques.

Il est impératif de créer des boucles locales de financement où une partie de l’épargne des résidents est investie dans des projets locaux.

La proximité produit des effets multiplicateurs économiques plus rapides et plus forts. Ces circuits courts régionaux « épargne longue-investissement long » associés à des compétences d’ingénierie financière permettront une bien meilleure irrigation du système de financement en fonds propres de nos PME/ETI.  Bien encadrés, les circuits courts régionaux seront plus rapides et moins coûteux que les circuits de financements traditionnels.

[1] Selon l’Association Paris Europlace 8 février 2013

[2] Selon la comptabilité nationale

 

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