Comment peut-on imaginer un monde au sein duquel les acteurs politiques seraient à ce point dévitalisés qu’ils ne pourraient plus témoigner de ce qui les anime ?

J’ai accepté de venir témoigner dans ma paroisse de Neuilly de mon engagement politique et de le croiser avec le message du Pape François sur la politique – cf. « La joie de l’Evangile » publiée en novembre 2013 –. Une polémique a été lancée dans les médias sur le sens de cette intervention et sur l’expression d’un élu sur sa foi.

Cette polémique me touche, à deux titres : d’abord sur la forme, parce que cette intervention est purement privée, car elle se déroule dans une salle paroissiale et parce que la communication n’est faite qu’au travers des supports de la paroisse ; j’interviens comme n’importe quel paroissien qui témoigne de ses convictions et de son engagement. Mais elle me touche surtout sur le fond. Quand au nom du principe de laïcité on s’indigne sur ce qui relève justement des convictions. Pourquoi s’indigner quand un élu témoigne de sa foi dans un contexte privé, qui plus est au sein même de sa propre église ? Comment peut-on imaginer un monde au sein duquel les acteurs politiques seraient à ce point dévitalisés qu’ils ne pourraient plus témoigner de ce qui les anime ? Comment interpréter le bien commun s’il n’est relié à aucune valeur ? Comment faire confiance à un homme politique s’il ne témoigne pas clairement de ses convictions et des valeurs auxquelles il croit ? Ces questions sont essentielles et méritent d’être clairement posées.

Au contraire de ceux qui m’accusent, je ne m’inscris pas dans cette laïcité anesthésiante que la « bien pensance » actuelle tente de nous inoculer. Je m’inscris au contraire dans une laïcité protectrice des religions et de ceux qui les pratiquent ; dans une laïcité qui laisse chacun totalement libre de témoigner de ce dont il croit au sein de sa propre église ; mais aussi dans une laïcité respectueuse des libertés ; dans une laïcité dont les valeurs mêmes sont issues d’un héritage chrétien qui se veut avant tout attentif, tolérant et ouvert.

Il me semble aujourd’hui essentiel de réaffirmer clairement nos convictions, de les assumer pleinement, et de rappeler qu’elles donnent son véritable sens à notre engagement politique. Comment prétendre avoir le courage de réformer si nous n’avons pas celui de défendre ce en quoi nous croyons ?
 Les enjeux auxquels nous devons faire face appellent de notre part plus de cohérence car la crise que nous traversons se révèle être d’abord une crise de sens.

Faire d’un témoignage de sa foi, dans sa propre paroisse, un motif d’indignation en est la preuve vivante et inquiétante. Réagissons !

Lire un article sur ce sujet sur le site  ALETEIA 

6 réflexions au sujet de « Comment peut-on imaginer un monde au sein duquel les acteurs politiques seraient à ce point dévitalisés qu’ils ne pourraient plus témoigner de ce qui les anime ? »

  1. Qu’un élu réponde à l’invitation de ses concitoyens pour exprimer le fondement d’une pensée mûrie, nourrie par sa foi, pour travailler au service du bien commun, à l’heure où les Français éprouvent un tel rejet des « politichiens » (Raymond Barre, grand serviteur de la France) est une cause d’espérance ; c’est même rafraîchissant. Un langage aussi clair, au service d’idées simples appuyées sur des convictions profondes, voilà qui donne de l’espérance dans cette médiocratie misérable dont les Français sont las.

  2. Qu’est-ce que c’est que cette polémique totalement stupide ?!

    Si Monsieur Fromantin souhaite s’exprimer librement au sein d’une église, parler de sa foi aux autres, cela lui regarde. Dans quel pays sommes-nous, si nous ne pouvons plus nous exprimer ? Une preuve qu’en France on polémique sur tout et n’importe quoi.

    Que Monsieur Keller se taise à jamais et surtout qu’il démissionne de son poste de conseiller municipal. Être payé pour dire de tels âneries, c’est tout simplement scandaleux ! L’UMP devrait avoir honte d’avoir dans ses rangs un grossier personnage.

  3. tout a fait d accord sur le fond mais pas sur la forme.
    on ne peut evoquer en meme temps la sphere privee et un statut de depute.

    • Donc vous voulez des députés schizophrènes?
      Ils laisseraient leur personnalité chez eux et la reprendraient le soir en rentrant? Et pendant leur activité de député il défendraient quoi comme idées, celles des autres des idées toutes faites livrées clé en main?
      C’est malheureusement souvent ce qui se passe.

      Le propre de l’homme politique est justement de se présenter tel qu’il est, de proposer un programme et des idées auxquelles il croit, libre aux électeurs de ne pas voter pour lui.

      Loin d’avoir commis une faute, Mr Fromantin n’a fait que son devoir!
      Il est consternant que cela puisse soulever de telles réactions, mais dans le trou noir civilisationnel que nous traversons, cela n’est pas étonnant.

  4. Oui, réagissons.
    Nous les citoyens en avons assez de ces politiciens de carrière qui ne pensent qu’a leur réélection. Ils exploitent des principes, comme la laïcité, à des fins uniquement politiciennes pour ne servir que leur propre intérêt. Ils n’ont que faire de l’intérêt collectif.

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