3ème Sommet de l’économie organisé par Challenges : « Ouvrir la politique à la concurrence »

Jean-Christophe Fromantin était ce matin l’invité du 3ème Sommet de l’Economie organisé par le magazine Challenges. Jean-Dominique Senard, Président de Michelin, et lui ont participé à une conférence intitulée « Ouvrir la politique à la concurrence » introduite par Frédéric Monlouis-Félicité de l’Institut de l’Entreprise et animée par Ghislaine Ottenheimer.

Retrouvez ci-dessous l’article de Challenges et le lien pour accéder à quelques vidéos de leurs échanges :

Ouvrir la politique à la société civile: un pari osé mais urgent !

Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly, et Jean-Dominique Senard, le patron de Michelin, travaillent depuis longtemps pour élargir le champ des élus à la société civile. Ils ont présenté leurs actions au 3ème Sommet de l’Economie organisé par Challenges.

Ouvrir la politique à de nouvelles têtes, à de nouvelles valeurs. Effacer la défiance de l’opinion à l’égard du monde politique en élargissant cet univers à la société civile. Au lendemain de l’annonce de la non candidature de François Hollande à la présidence de la République ; comme de la défaite cuisante de Nicolas Sarkozy à la primaire de droite – deux routards patentés de la politique – la question est plus que jamais d’actualité. En cette deuxième matinée du Sommet de l’Economie, ce sont justement deux militants de la première heure de cette ouverture, Jean-Dominique Senard, président de Michelin, et Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly depuis 2008 et entrepreneur, qui ont plaidé leur cause.

Voilà plusieurs années que le tandem travaille à impliquer davantage la société civile dans la vie collective, à ouvrir un « marché » politique totalement fermé à la concurrence. « Il est tout à fait légitime de parler de marché, pointe Frédéric Monlouis-Félicité, Délégué Général de l’Institut de l’Entreprise, qui présentait aussi ce matin une étude idoine. La politique en a toutes les caractéristiques. Il y a une offre, une demande, des barrières à l’entrée, et aussi les défaillances. » Et d’ajouter ce constat : « L’investiture repose sur les partis – et non les compétences ; certaines catégories socio-professionnelles sont sur-représentées parmi les élus au détriment de la diversité ; et il n’y a pas de limite dans le renouvellement des mandats, niant la mobilité, autre principe de base de la démocratie… la professionnalisation de la politique a fini par mettre à distance les Français. »

« Professionnaliser la politique sans en faire une profession »

Cette mise à distance menace-t-elle la France, comme elle l’a fait ces derniers mois outre-Manche, outre-Atlantique… et peut-être dans quelques jours en Italie ?

« Si on reste dans cet entre-soi, cette consanguinité, alors oui le pays est en danger » dit Jean-Christophe Fromantin.

Jean-Dominique Senard, qui a été élu local par le passé, poursuit : « Notre initiative n’est ni contre les fonctionnaires, ni contre les politiques, qui effectuent des taches très nobles, mais il est urgent de rééquilibrer la représentation nationale avec ce que la société française représente. Et insuffler des principes économiques de bases dans les débats, qui ces derniers temps ont souvent été affligeants ! »

Le maire et le capitaine de CAC 40 en sont convaincus : « Il est possible de professionnaliser la politique sans en faire une profession. » En vue des prochaines législatives, le premier a initié la liste des 577 pour la France, candidats issus de la société civile. Une centaine de personnes ont déjà répondu à l’appel : commissaires de police, présidents d’association, chefs d’entreprises, commerçants…

« Pour élargir la politique à ceux qui, comme le montrent les sondages, ont encore un crédit confiance auprès de Français, » souligne Jean-Christophe Fromantin.

Le second a pris la plume il y a deux ans, avec d’autres ténors du CAC 40, pour réclamer plus d’élus issus du monde de l’entreprise. Il y a environ un an, il a instauré chez Michelin une charte pour faciliter le passage de salariés de Bibendum vers des mandats locaux. Action pas totalement désintéressée pour ce fleuron très ancré sur le territoire…

« Il fallait donner à chacun la possibilité de se présenter en toute liberté et en toute sérénité surtout, plaide Jean-Dominique Senard. Pour rétablir l’égalité de chacun à se présenter devant le suffrage universel, nous accordons aux salariés l’équivalent du traitement dans la fonction publique. Certains salariés ont déjà manifesté leur intérêt, j’espère qu’ils seront nombreux à se lancer. Je n’ai reçu que des messages témoignant de sentiments de bonheur et de liberté. »

« Travail de rééquilibrage »

Mot d’ordre du duo : de ce type d’actions découlera forcément le changement, voire la révolution.

« Et surtout pas d’une loi, glisse Senard. Les grandes entreprises ont plus de facilités face au sujet, que les plus petites… Une loi ne serait qu’une contrainte supplémentaire pour les entreprises qui en ont déjà suffisamment ! »

Autre urgence à leurs yeux, la revalorisation de la rémunération du politique :

« Il faut arrêter la machine à bêtises en se disant que plus on est élu, moins il fait être payé ! » insiste le président de Michelin.

Alors, le tandem en est convaincu, naîtront davantage de vocations que de professions politiques. Davantage de pragmatisme, aussi, dans les débats et l’adoption de mesures qui tiennent davantage compte (et en amont) de leur impact économique. « Plus de diversité, c’est plus de réflexions économiques dans le débat. » L’occasion, au passage, de diminuer le nombre de membres de la société civile qui ont déçu, une fois propulsé au sommet de l’Etat ? L’exemple de Francis Mer est dans toutes les mémoires…

« Il faut qu’il y ait de vrais parcours, pas seulement des gens qui se retrouvent propulsés d’un coup en haut de la pyramide ; » estime Jean-Christophe Fromantin.

« C’est aussi une question de masse critique, plaide Jean-Dominique Senard. Si le travail de rééquilibrage se fait, s’il y a plus de personnes de la société civile – et pas seulement une ou deux personnes réduites au rôle d’alibi, cela changera vraiment la donne. C’est ce signal qu’il faut espérer. »

Lundi 21 novembre l’Institut de l’entreprise a publié une note intitulée «Ouvrir le marché politique». C’est le dernier volet de la publication «Réformer le réformateur», les deux autres portant respectivement sur la responsabilité des décideurs publics (Augustin de Romanet) et sur la gestion de talents de la haute fonction publique (Anne-Marie Idrac). Pour la lire www.institut-entreprise.fr / Note de JC Fromantin et JD Senard « ouvrir le marche politique »

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