Interview de JC Fromantin au Point : « L’Ile-de-France, championne du monde du millefeuille territorial ! »

Le maire et député de Neuilly-sur-Seine – qui compte présenter 577 candidats aux prochaines élections législatives – enrage contre le Grand Paris.

Maire et député de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromantin siège au sein de la Métropole du Grand Paris. Cette nouvelle collectivité, entrée en fonction le 1er janvier, vient de se donner pour président le maire et député (LR) de Rueil-Malmaison, Patrick Ollier, et pour vice-présidente la maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo. À peine née, la nouvelle structure essuie déjà de nombreuses critiques. Grand connaisseur du dossier de la réforme territoriale, qu’il a suivi de bout en bout comme parlementaire, Jean-Christophe Fromantin porte le fer.

Le Point : Qu’est-ce qui vous hérisse dans la Métropole du Grand Paris (MGP) ?

Jean-Christophe Fromantin : Le périmètre, déjà. Il ne va pas. C’est un périmètre institutionnel, pas un cadre pour permettre l’épanouissement de projets. Pourquoi ce Grand Paris n’inclut-il pas des villes comme Versailles, Roissy, Pontoise ou encore Évry, par exemple ? Voilà qui est aberrant ! Le territoire qu’on aurait dû prendre en considération, c’est celui des transports, des savoirs, de Roissy au plateau de Saclay. Le vrai périmètre métropolitain, celui en tout cas qui concerne au quotidien les habitants, est plus proche de celui de la région que de la MGP. C’est pourquoi je pense que cette structure ne peut être que provisoire.

Mais elle commence tout juste à fonctionner !

Certes, mais voyez comment ! Les conditions de la gouvernance sont extrêmement compliquées. Cette MGP est subdivisée en 12 établissements publics territoriaux (EPT) qui ont chacun un statut d’établissement public de coopération intercommunale (EPCI), et donc une fiscalité propre – et provisoire (elle ne durera que jusqu’en 2020). Cette nouvelle structure pose un problème de lisibilité et de complexité. On y passe un temps fou. Depuis le 1er janvier, nous enchaînons réunion sur réunion : réunion des EPT, réunion de la MGP… 90 élus siègent dans les EPT, et 209 au sein de la MGP, et ce ne sont pas les mêmes ! Tout cela va coûter une fortune et nous faire perdre du temps, beaucoup de temps. Pour quelle création de valeur ? Mystère. À Paris et en Ile-de-France, nous devenons les champions du monde du millefeuille territorial : nous avons la commune, l’EPT, la MGP, le département, la région. Et certaines compétences sont partagées par les cinq structures ! Prenez le logement, par exemple : la commune prend en charge les logements sociaux (loi SRU), l’EPT a compétence en matière d’urbanisme, le département cofinance, la MGP met en place un plan métropolitain de l’habitat, la région a son schéma directeur, et l’État n’est pas en reste puisqu’il a autorité en matière de politique du logement, de SRU, d’ANRU… Cette nouvelle structuration territoriale est à l’opposé de la volonté de rationalisation affichée. On est toujours prompt à créer de nouvelles structures chapeaux, mais sans supprimer aucune maille du dessous et, donc, susciter aucune économie d’échelle.

Comme Valérie Pécresse, nouvelle présidente (LR) de la région Ile-de-France, vous prônez donc la suppression de la MGP ?

Il faut faire évoluer la métropole vers la région, et supprimer les départements. Voici deux couches de millefeuille territorial que nous pouvons éliminer dès demain. Il se pose un vrai problème de démocratie : avec un tel éparpillement des compétences, plus personne n’est responsable de rien. La MGP répond à une approche purement politicienne : la structure, à l’origine, avait été pensée par et pour les territoires – contrairement aux échelons politiques, parce qu’issus des élections, que sont la commune, le département, la région. Or, on le voit dès le début avec l’élection de son président qui vient d’avoir lieu : la MGP est sous la coupe des partis, qui se sont réparti les postes et les temps de parole. Lors de cette première séance, je n’ai pu m’exprimer qu’après l’élection des membres de l’exécutif. C’est un déni de démocratie.

Retrouvez l’interview sur le site du Point

 

La Métropole du Grand Paris doit devenir un collectif de villes, de territoires et de projets, et non pas un collectif de partis politiques

Les prises de parole ayant été réservées aux représentants des partis politiques, ‎Jean-Christophe Fromantin n’a été autorisé à s’exprimer qu’après l’élection du bureau de la Métropole. Il a rappelé l’importance fondamentale que la Métropole du Grand Paris soit un collectif de villes, de territoires et de projets, et non pas un collectif de partis politiques.

«Tous les postes du bureau ont été répartis dans le cadre de négociations entre les appareils partisans » regrette le Maire de Neuilly-sur-Seine.

Au cours de son intervention, Jean-Christophe Fromantin a rappelé la candidature de la France à l’Exposition Universelle de 2025 et a invité la Métropole du Grand Paris à s’y engager aux cotés des très nombreuses collectivités locales qui, en Ile-de-France et partout en France, soutiennent déjà ce projet.

Il a tenu à féliciter Patrick Ollier et l’ensemble de l’exécutif métropolitain pour leurs élections.

Visite de l’Assemblée Nationale par une classe de CM2 de l’école Michelis de Neuilly-sur-Seine

Ce mercredi 13 Janvier des élèves du primaire de l’école Michelis de Neuilly-sur-Seine ont bénéficié d’une visite de l’Assemblée Nationale. Ils ont eu l’occasion de voir l’ensemble des salles et de rentrer dans l’hémicycle.

 

Métropole du Grand Paris : Pourquoi ne pas construire une majorité de projet ?

Alors que les débats et les conciliabules vont bon train pour diriger la Métropole du Grand Paris (MGP), on peut s’interroger s’il y a un sens à ce que son futur Exécutif soit, purement et simplement, une projection des rapports de force des partis politiques. Si la MGP est d’abord une assemblée des Maires du Grand Paris, il serait logique, à l’instar de ce que l’on fait dans nos villes, que son équipe exécutive soit, elle aussi, issue d’une majorité de projet plutôt que d’un compromis entre les appareils politiques.

 

« Que l’on soit ou non favorable à cette nouvelle échelle territoriale, ce qui est certain, c’est qu’elle existe, et que nos électeurs attendent de nous qu’on en fasse autre chose qu’un espace de pouvoir et de posture (…) Les compétences de la MGP sont suffisamment aléatoires pour qu’elle devienne ce que l’on en fera, une coquille vide ou une base de départ » rappelle le Député-maire de Neuilly et futur délégué métropolitain (DVD)

 

C’est la raison pour laquelle Jean-Christophe Fromantin appelle les candidats à la Présidence de la MGP, au-delà de la recherche des équilibres politiques ou territoriaux, à travailler à ce que leur projet d’Exécutif soit aussi l’expression d’une ambition pour le Grand Paris et d’un esprit d’équipe autour d’une majorité de projet.