Fin de vie : La voie [sans issue] proposée par le CESE questionne le sens des soins et par corollaire le sens de la vie.

La vie est fragile, elle l’est encore plus au début et à la fin du cycle qui nous mène de la naissance à la mort. Et notre projet de société, notre principe de fraternité, est de rester solidaire tout au long de ce processus, d’assurer à chacun, quelles que soient les circonstances, que sa vie sera privilégiée ; en particulier au moment où il est le plus vulnérable. C’est le fondement du lien familial, mais c’est aussi celui du lien social qui unit chacun d’entre nous au plus profond de notre conscience.

La loi Léonetti-Claeys (février 2016) créant des nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie a écorné cette solidarité. En introduisant la sédation profonde et continue jusqu’au décès, elle a bouleversé ce contrat social. Elle a remplacé l’accompagnement des personnes en fin de vie par l’autorisation délibérée de mettre un terme à la vie.

Au nom de la dignité, cette loi nous a fait renoncer à l’exigence humaine de l’accompagnement, au profit d’une sédation finale dont il est impossible d’arrêter les contours, ni de tracer les limites. C’est dans cette faille que vient de s’engouffrer le Conseil économique social et environnemental (CESE) en proposant une « sédation profonde et expressément létale » poussant la provocation jusqu’à faire de cette solution létale une composante intégrale du parcours de soins palliatifs. Les membres du CESE semblent oublier que la fin de vie c’est encore la vie.

Défendre la vie est certainement l’acte politique le plus emblématique que l’on puisse poser. La loi Léonetti de 2005 avait permis d’atteindre un juste compromis pour combattre la douleur et éviter l’acharnement thérapeutique. Cette loi était néanmoins exigeante. Elle appelait à ce que nous développions une véritable politique de soins palliatifs ; elle nous interpellait positivement sur la fin de vie ; elle nous permettait d’éviter la tentation d’un expédient qui risque de satisfaire d’autres attentes que celles liées à la dignité de la personne humaine.

Ne renonçons pas à cette exigence. Car la voie que veulent nous faire prendre les membres du CESE est un profond changement de paradigme : celui qui questionne le sens des soins et par corollaire le sens de la vie.

2 réflexions au sujet de « Fin de vie : La voie [sans issue] proposée par le CESE questionne le sens des soins et par corollaire le sens de la vie. »

  1. Il est utile de lire le message de Mgr Pontier (sur eglisecatholique.fr) au collège des Bernardins. Une véritable politique de soins palliatifs était refusée par le conseil de l’ordre des médecins et fut imposée par la voie politique qui n’est pas toujours reprochable. Nous sommes, maintenant, dans une logique européenne et technocratique de contrôle des coûts qui ne peut être combattue par la seule voie morale.
    Le discours de M. Macron, qui insultait les catholiques en voulant les flatter de façon paternaliste, montre assez l’échec des politiques technocratiques.

  2. Hélas la société humaine a toujours ( presque ) préféré la facilité à l’exigence et a concédé à la loi des responsabilités qu’elle ne voulait pas assumer.
    Alors on a inventé la notion de «  mourir dans la dignité » comme si une fin de vie pouvait être indigne et que le grand âge devenait une sorte d’handicap.
    Les êtres qui nous sont chers méritent mieux qu’une loi,ils exigent l’entourage et les soins de la part de ceux pour qui ils ont,souvent, consacré leur vie.
    Nous serons jugés sur l’amour disait St Jean de La Croix,apportons leurs cet amour jusqu’à leur dernier souffle.

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