Rapport Castro sur le Grand Paris : nostalgie, nostalgie …  

S’il est difficile de ne pas être d’accord sur le diagnostic posé par Roland Castro sur le Grand Paris, il est en revanche compliqué d’en comprendre les ressorts.

S’il a raison sur le constat – le climat, l’isolement ou les technologies interrogent notre vision du Grand Paris, il surprend sur la proposition ; il extrapole le Paris d’hier alors que nous avons besoin urgemment d’inventer le Grand Paris de demain et, surtout, de l’intégrer dans une perspective nouvelle d’aménagement du territoire.

Avec poésie et nostalgie, Roland Castro redistribue les bistrots parisiens, prolonge les bords de Seine, dessine l’A86 comme l’avenue Foch, repense des « cathédrales laïques », restaure l’architecture, met la Présidence de la République en Seine-Saint-Denis et réintroduit l’agriculture urbaine. Cette approche inspirée de ce qui a façonné l’histoire de Paris dilue naturellement la capitale et sa banlieue dans un nouveau « Paris » dont on saisit mal la modernité et l’ambition.

Car ce rapport passe à côté de « l’essentiel » : sur la pertinence et l’avenir des métropoles actuelles, sur l’aménagement du territoire et sur l’évolution concrète du Grand Paris.

 

  • La première question touche au rôle même des métropoles au XXIème siècle. Roland Castro part du principe que la concentration urbaine est toujours synonyme de progrès. S’il n’est pas contestable que les métropoles jouent un rôle de pivot dans la mondialisation, plusieurs dérèglements relativisent cette approche : isolement des catégories les plus vulnérables, exclusion sociale, développement asymétrique, îlots de chaleur à fort impact environnemental, nivellement culturel et économie stéréotypée qui disqualifient progressivement nos avantages comparatifs. Par ailleurs, plusieurs phénomènes posent la question de l’avenir des métropoles et corroborent la nécessité d’une approche globale de l’aménagement du territoire : la recherche de qualité de vie et l’attirance croissante vers des villes d’équilibre, le commerce en ligne, le travail à distance ou l’émergence d’une nouvelle industrie ouvrent un paradigme qui appelle une approche « disruptive » de l’articulation entre les métropoles et les territoires.
  • La deuxième question tient à la complexité de la situation actuelle du grand Paris. L’empilement des communes, des intercommunalités, des départements, de la métropole du Grand Paris, de la région Ile de France, des services déconcentrés de l’Etat et le poids politique et administratif de la ville de Paris rendent la gouvernance actuelle dispendieuse et sans valeur ajoutée. Si l’idée des « coalitions de communes » proposée par Roland Castro est sympathique, elle ne résout en rien la situation compliquée dans laquelle nous nous trouvons. Le rapport n’aborde aucune des questions concrètes et pratiques, politiquement et institutionnellement, que les élus et les citoyens posent en termes de gouvernance et de finances publiques.

 

En abordant le grand Paris le Président de la République ouvre inévitablement un dossier beaucoup plus large et décisif : celui du rôle des métropoles, du poids de la capitale, de son ambition pour les territoires et d’une certaine manière de sa vision de la France.

Cette approche globale, moderne et audacieuse de l’avenir de notre pays se pose aujourd’hui avec urgence.

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