Le véto de Bercy sur Carrefour : une décision précipitée

La condamnation précipitée de Bercy sur le projet Carrefour + Couche-tard est difficile à comprendre, tant sur le plan économique que politique.

D’un point de vue économique, nul besoin d’être visionnaire pour comprendre la menace des quasi-monopoles tels Amazon ou Alibaba sur la distribution de demain. Or, dans le cadre d’une activité non delocalisable, le rapprochement envisagé aurait mérité d’être approfondi. Car ces alliances seront inévitables pour faire émerger des acteurs en mesure d’innover et de rivaliser avec les Gafam. C’est sur ce terrain que se joue notre souveraineté.

D’un point de vue politique, au-delà de la méthode, on peut s’interroger. A la fois sur le message envoyé par notre pays dont beaucoup de grandes entreprises ont construit leur développement sur la croissance externe à l’international ; mais aussi sur l’immixion de l’Etat dans un projet à priori. L’Etat ne peut pas torpiller des entreprises, dégrader leur valeur et s’improviser « stratège industriel » en 48h00. C’est plus compliqué que cela.

 

Une politique industrielle ne se construit pas à coup de ristournes fiscales, de subventions, ni de véto. Elle se bâtit sur une politique fiscale de long terme qui sécurise les investisseurs ; par une politique d’aménagement du territoire qui structure les réseaux numériques et logistiques dont nos régions ont besoin, par une politique de formation qui anticipe les besoins des entreprises ; par une politique culturelle qui renforce nos avantages comparatifs.

Depuis plusieurs années la politique industrielle est erratique, davantage influencée par les opportunités que par des anticipations sérieuses. La baisse constante de la part de l’industrie dans le PIB de la France (à peine 10%) témoigne de cette dégradation.

2 réflexions au sujet de « Le véto de Bercy sur Carrefour : une décision précipitée »

  1. Merci, Jean-Christophe, de cette analyse pertinente, qui me fait regretter parfois que tu ne sièges plus à L’Assemblée.
    Aussi, j’espère que cette réflexion sera lue et relayée par plusieurs de nos concitoyens dont le pouvoir et la force économique n’est pas à prouver.
    Avec tous mes vœux pour cette nouvelle année

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *