Pour un nouvel humanisme

Ma tribune avec Philippe Levillain, membre de l’Académie des Sciences morales et politiques (pour le Forum de l’Universel) – publiée dans Figaro Vox

 

L’exceptionnelle crise sanitaire que nous traversons stipule d’aborder plusieurs questions fondamentales.

 

Une des questions parmi les plus aigües, au miroir de notre société, est celle de la sélection de ceux qui doivent être les mieux soignés. L’allongement de l’espérance de vie et le poids des plus âgés dans la structure démographique de nombreux pays lui donnent une acuité particulière. Elle pourrait être de plus en plus sensible compte-tenu des principes d’efficacité et de rentabilité qui régissent nos sociétés contemporaines. Alors que nos civilisations de traditions grecques et romaines ont sanctuarisé la famille et la sagesse des ainés, on assiste aujourd’hui à un désordre social qui privilégie les forces vives par rapport aux forces passées. Dans la vision chrétienne de la vie, en cas de maladie, la vie de l’enfant doit être privilégiée à celle de la mère. C’est la victoire de l’espoir dans la vie par rapport à celle du vivant usé. Par conséquent la question ne se pose pas forcément en termes de générations. Elle est à considérer par rapport au contexte dans lequel on vit et à l’idéal de société auquel on aspire. En 1912, ceux qui ont été sauvés dans le naufrage du Titanic – « les femmes et les enfants d’abord » – incarnaient ce choix celui d’une confiance forte et indéfectible dans l’avenir. La question qui surgit aujourd’hui est celle du sens de cette sélection dans un contexte politique aléatoire. « L’homme est un loup pour l’homme » rappelait Hobbes dans le Léviathan. Qu’est-ce que cela signifie aujourd’hui ? Sacrifier une génération par rapport à une autre n’est concevable – fut-ce dans un contexte d’urgence, de guerre ou de pandémie – qu’à l’aune de l’espoir que portent ceux qui seront sauvés. Là est sans doute une des questions les plus universelles qu’il faut affronter dans de telles circonstances. Notre défiance vis-à-vis des valeurs du passé et l’approche à court-terme de l’avenir créent un doute sur la meilleure option. Sacrifier une génération n’a de sens que pour sauver l’humanité, pour construire l’avenir ou pour répondre d’un projet politique plus fort que la crise qui nous décime. Ne pas aborder en face cette question reviendrait à subir les injonctions des plus puissants ou à céder à la fatalité. Et de s’en tenir alors à une réponse aussi simpliste que dépourvue de sens : A quel âge peut-on fixer le seuil d’utilité ?

 

Cette crise révèle aussi le primat donné à l’individu sur l’économie. Les décisions politiques, en Chine, en Europe ou aux Etats-Unis, sont heureusement prioritairement orientés vers la santé des personnes malades. Mais un autre enjeu nous attend, celui d’éviter de passer du primat de l’individu à l’individualisme au détriment des solidarités. Une crise comme celle que nous traversons constitue un test pour l’Humanité. Les tentations individualistes, nationalistes et toutes les formes d’égoïsme mettent à l’épreuve notre communauté humaine, sa solidité, son potentiel de réconciliation et l’attention mutuelle et bienveillante de ceux qui la composent.

 

Il faut aussi considérer la question de l’inégalité face à la santé. Nous ne pouvons rien au fait que nous sommes génétiquement différents face à la vie. En revanche notre environnement a une très grande influence sur les différences de notre capital santé et de nos chances de vie, voire de survie. Cette seconde différence est majeure et elle constitue le socle d’une question universelle qui se pose à nous : Quel projet de vie chacun d’entre nous peut-il espérer ? Car de nombreuses dérives en limitent le champ. La métropolisation, la pollution ou l’alimentation rapide résultent de choix – ou de non choix – politiques dont l’impact est très lourd sur notre santéLa crise actuelle met à nu à la fois notre capital santé, mais aussi notre politique de santé. Nous vivons les limites d’un modèle de société qui a cédé à la performance économique plutôt que de veiller à la préservation d’un bien commun universel. Or c’est à partir de ce bien commun que chacun d’entre nous puise les ressources dont il a besoin pour réaliser son projet de vie.

Cette crise révèle également les limites d’un système de santé dont les performances technologiques et scientifiques exceptionnelles sont démasquées cruellement par l’enjeu d’une médecine populaire et équitablement distribuée sur nos territoires. Nous sommes capables de transplanter des cœurs. Mais pas de fournir des masques ! C’est pour cette raison que la crise sanitaire conduit directement vers le sujet de la prévoyance. Quand plus d’un milliard d’individus à travers le monde est confiné à cause d’un virus, ce qui nous apparaissait hier comme évident, simple et bien rodé ne l’est plus. Prévoyance équivalait à sécurité. N’est-ce pas la prévoyance qui nous permettait de prévoir, de mutualiser nos moyens et d’offrir à tous la meilleure vie ? N’est-ce pas sa construction assurantielle qui nous rendait serein face à la maladie ? Face à cette question et dans le contexte que nous vivons, il est facile de comprendre que la prévoyance est mise à mal. Le coronavirus dépasse le sujet du paiement des soins. Il est impossible de chiffrer la prévoyance dans ce paradigme nouveau. Le coronavirus nous interpelle sur un enjeu plus vaste, celui d’un modèle dont les effets sont imprévisibles et incontrôlables sur notre santé.

 

La question se pose donc des bases à partir desquelles, forts de cette crise et des enseignements que nous saurons en tirer, nous avancerons vers un nouvel humanisme. Quand Mireille Delmas-Marty, membre de l’Institut, appelle à ce nouvel humanisme, elle mise sur la « boussole des possibles », régulée par des valeurs simples et universelles comme la fraternité, la solidarité, l’hospitalité ou la dignité. En juin 2009, le pape Benoit XVI, dans son encyclique sociale « Caritas in Veritate », rappellait que la gratuité sera le marqueur clé d’une humanité retrouvée. La crise actuelle fait exploser nos certitudes. Il nous appartient d’en faire une Espérance.

Mon interview dans Valeurs actuelles

La démétropolisation, notre avenir

 

Grand Paris, centralisation à outrance, saturation de l’espace de vie … A la veille du scrutin municipal, l’actuel maire de Neuilly, Jean-Christophe Fromantin, bat en brèche les idées reçues sur un modèle dépassé.

 

Propos recueillis par Solange Bied-Charreton

 

Vous avez fait paraître en 2018, Travailler où nous voulons vivre[1], dans lequel vous nous proposez de revoir entièrement la manière dont nous habitons le monde, car nous demeurons surtout là où nous trouvons du travail. Quelle a été la genèse de votre réflexion ?

 

Cet ouvrage s’est nourri de mon expérience à la présidence d’ExpoFrance 2025, un projet qui avait pour but de préparer la candidature de la France à l’exposition universelle de 2025, et qui m’a permis de faire le tour du monde pour interroger avec d’autres acteurs la notion d’universalité. Tout cela m’a logiquement poussé à m’intéresser aux Expositions universelles du XIXesiècle. La notion de progrès semblait alors indissociable de la technique. Le règne de la machine étendait son empire de fascination et de sidération sur les hommes à l’ère industrielle, elle était au cœur de leurs préoccupations : comment vivre avec la machine, comment la maîtriser ? Aujourd’hui, ce sont les nouvelles technologies qui sont synonymes de progrès, qui façonnent à la fois l’universel et nos modes de vie individuels. Toutefois, on ne pose pas – ou mal – le débat de l’existence au prisme de ce progrès, alors qu’il régit tout, à commencer par l’économie. Par la suite, j’ai créé mon think tank, Forum de l’Universel, un espace d’études et de prospectives sur les enjeux géographique. Ces initiatives ont pour point commun d’apporter des réponses à un questionnement politique : quel est notre projet de société ?

 

Le modèle métropolitain n’est pourtant pas décrié, loin de là. La métropole concentre la richesse et permet de l’accroitre. Pourquoi vouloir démétropoliser l’espace ?

 

On entend le même refrain depuis vingt ans : « l’avenir est dans les métropoles ». Chaque époque a sa doxa. Dans le même temps, on constate les problèmes engendrés parla métropolisation à outrance : désertification des territoires, saturation de l’espace dans les métropoles, avec les conséquences sociales, économiques et environnementales que cela implique. Non, la métropolisation ne représente pas un progrès économique, elle conduit à la standardisation des modes de vie, à la compétition permanente et donc à la financiarisation de l’économie. En amenuisant la diversité de l’offre, il devient impossible de se démarquer. La qualité des échanges s’appauvrit, la curiosité disparaît. De ce fait, on aboutit forcément à l’affaiblissement de l’offre économique et culturelle.

 

Etes-vous aujourd’hui sur la même ligne que le Rassemblement national, qui voit la métropole comme un avatar de la mondialisation et doit être combattu pour cette raison ?

 

Précisément pas. Je défends l’idée de mondialisation, à condition qu’elle existe. La mondialisation, c’est l’échange avec l’autre, pas la compétition des mêmes. Une véritable mondialisation pousse à cultiver les singularités d’un territoire et à diversifier les échanges qu’il entreprend avec les autres. La démétropolisation apparait nécessaire à une mondialisation authentique, au sein de laquelle le voisin me propose quelque chose que je n’ai pas. Elle lutte contre la détérioration de l’altérité culturelle en même temps qu’elle garantit les affinités sociales, le vivre-ensemble, qui ne se créé que lorsque les gens ont de bonnes raisons de vivre ensemble. Avoir quelque-chose de singulier à partager est consubstantiel de la dignité humaine.

 

Même s’il existe de petits villages au modèle « 100% écolo », il semble toutefois qu’on ne puisse pas revenir au village que Fernand Braudel décrit dans L’Identité de la France, où existaient tous les métiers… 

 

Fernand Braudel rappelait justement que les villes n’existent que par la prospérité des territoires qui les entourent. C’est pourquoi, je crois à ces singularités territoriales, dont l’existence repose sur le levier municipal. Ce à quoi je ne crois pas, en revanche, c’est à un renoncement au progrès. Car il nous faut saisir que la technologie est le vecteur de notre liberté et que le localisme en dépend. C’est ce que je veux montrer, que le modèle de la métropole neutralise les projets de vie et qu’en ce sens, elle ne représente pas un progrès social. Ces métropoles énormes, de plusieurs dizaines de millions d’habitants, produisent de l’isolement et mettent à mal la vertu d’hospitalité. On assiste à l’émergence de logements capsules à San Francisco, à Madrid, à Barcelone… Ils font trois mètres carrés, offrent tout juste la place de dormir. En France, la loi Solidarité et Renouvellement Urbain nous en garde et prévoit une surface habitable minimum de neuf mètres carrés. Mais qui veut vivre dans neuf mètres carrés ? C’est la densification des villes qui conduit à la réduction de l’espace vital avec, en arrière-plan, le développement de la peur de l’autre et d’une logique d’isolement, puisque moins l’on voit les gens plus s’en éloigne, plus on individualise son comportement. Une anecdote permet d’illustrer cette mutation inquiétante. On a demandé à des jeunes, dans le cadre d’une étude, s’ils préféraient avoir un logement plus grand ou obtenir davantage de mégabytes dans leur smartphone. C’est la seconde proposition qui a recueilli le plus de suffrages. Evidemment, avec votre portable, vous pouvez vous repérer, commander un repas, communiquer avec vos proches, avoir accès aux réseaux sociaux… Mais il est insensé qu’aujourd’hui on envisage si naturellement de troquer de l’espace vital contre de l’espace virtuel.

 

La notion d’environnement, celle du cadre de vie, s’en trouve escamotée…

 

En effet, et nous constatons encore une fois que la métropolisation ne nous a pas fait accéder à un mieux sur le plan environnemental. Au contraire. Ce sont les métropoles qui produisent le plus de gaz à effet de serre. Elles forment des îlots de chaleur qui sont les premiers contributeurs du réchauffement climatique. De mes échanges avec le maire de Shenzhen, une ville du Sud-Est de la Chine de plus de douze millions d’habitants parmi les plus innovantes au monde, j’observe que l’innovation n’est pas assez rapide pour compenser le développement des îlots de chaleur. La métropole n’est pas une solution d’avenir, c’est une impasse.

 

 

Pourquoi, d’après vous, privilégie-t-on encore le mode de développement métropolitain ?

 

C’est au XIXesiècle que la concentration urbaine a commencé à se développer vraiment. La densification était alors vue comme une condition du progrès, le rapprochement des gens permettant d’amortir les coûts et de justifier la mise en place d’équipements divers. Les pôles de consommation, de santé, de loisirs ont ainsi émergé dans les villes. Or aujourd’hui on arrive à un moment où cette métropolisation est de moins en moins nécessaire : internet la rend obsolète. La masse critique n’est plus concentrée mais distribuée. On ne peut pas affirmer qu’on vit un monde en réseau et dans le même temps continuer à brandir le dogme de la métropolisation à tout va. En fait, c’est une facilité de discours de la part des politiques, c’est aussi une fuite en avant, avec des conséquences qui ont une réalité territoriale. Cette métropolisation est devenue une excuse pour ne plus financer des projets en zone rurale et dans les villes moyennes. A ce sujet, une enquête du CEVIPOF parue en septembre 2019 et menée pour le compte de l’Association des maires de France (AMF) renverse les idées reçues, avec une forte demande de ruralité et, surtout, un plébiscite des villes moyennes, bien plus attractives que les métropoles. Les Français optent à 84 % pour la ville moyenne ou le village, ils ont compris ce qu’ils y gagnaient en termes de qualité de vie. La même tendance s’observe aux Etats-Unis, où les Américains sont d’ailleurs en train de réinvestir ces villes de taille intermédiaire. Le choix d’un modèle de société est un enjeu de volonté politique. La géographie du progrès que je propose permettrait de passer d’un monde concentré à un monde distribué : bénéficier d’un même standard de services, mais qu’ils soient disponibles là nous nous voulons vivre. De plus en plus d’employeurs encouragent le travail à distance et en particulier les formules de coworking, les mentalités changent très vite et cela paraît faisable. Professionnellement, on ne vous évalue plus sur votre présence mais sur la réalisation de vos objectifs.

 

Penser la démétropolisation, ce n’est pas seulement aller contre une logique globale mais s’attaquer à la spécificité bien française, celle de la centralisation…

 

Une volonté de contrôle qui, en effet, remonte à la Révolution et qui est l’œuvre du cartographe Cassini. En 1790, il a découpé notre territoire en 83 départements de manière arbitraire. Résister à cette tendance est toujours d’actualité car elle neutralise l’initiative locale. Emmanuel Macron est un président centralisateur. Cette verticalité dans l’exercice du pouvoir le rend très vulnérable face à une opinion qui aspire à plus de proximité et des élus locaux à plus de confiance. Plus généralement, si La République En Marche n’a pas d’attache locale – et ça va sans doute se confirmer aux municipales – ce n’est pas un hasard. L’un des enseignements du mouvement des Gilets jaunes, avec ses ronds-points, ses assemblées, était au contraire une demande d’enracinement, un retour de l’horizontalité.

 

« Chaque région, chaque territoire, chaque ville peut se mobiliser sur un projet, un savoir-faire ou une spécialité et devenir incontournable dans son domaine », écrivez-vous justement, mais comment réveiller ces territoires et ces villes moyennes, saignées de leurs habitants ?

 

Je suis convaincu de la singularité de chaque territoire. J’ai passé ma jeunesse entre Nevers, Châteauroux, Saintes et Dunkerque, ces villes moyennes souvent dans l’angle mort des politiques publiques. Or, même aujourd’hui et malgré les effets négatifs de la métropolisation, ces villes ne sont pas si isolées que ça. Je pense qu’elles doivent prendre conscience de leur spécificité, de leur richesse, et j’estime leur sort devrait être une priorité des politiques. C’est encore une leçon que l’on retiendra du mouvement des Gilets jaunes. Je renvoie au dernier rapport du Conseil d’Analyse Economique[2]qui soutient que cette crise a introduit dans le débat public de nombreuses interrogations sur les inégalités territoriales. C’est une note récente, très importante, mais elle est quasiment passée inaperçue. « La concentration dans les métropoles contribue […] à accentuer les inégalités spatiales et à générer des externalités négatives sur le bien-être dans certains territoires », est-il écrit. Avec les Gilets Jaunes, on n’a pas su résoudre un problème géographique.

 

Vos observations s’accordent-elles avec celles du géographe Christophe Guilluy qui a théorisé la France périphérique ?

 

Je ne suis pas tout à fait d’accord avec Guilluy parce qu’on vit mieux dans les villes moyennes que dans les métropoles, l’Indice de développement humain (IDH) y est supérieur. Selon moi, la France périphérique véritable se trouve au cœur même des métropoles, où l’on trouve des zones de non-droit à quelques kilomètres de quartiers dont le mètre carré est à 15 000 euros. A contrario, Angers, Dijon, Brest, offrent des qualités de vie incroyable et de nombreux équipements. Il faut sanctuariser les villes moyennes, en faire le pivot de la démétropolisation. Elles irriguent aussi la ruralité. Le décrochage des zones rurales, on l’identifie quand une maternité est trop loin pour qu’une femme enceinte puisse s’y rendre pour accoucher en toute sérénité et quand la supérette quitte le village. Les villes moyennes sont vivables et se développent à condition de ne pas être à plus d’une heure et demie d’une métropole, faute de quoi elles décrochent et entrainent avec elles tout le territoire. Elles doivent offrir un bouquet de services publics extrêmement forts.

 

La démétropolisation de la France sauvera-t-elle la classe moyenne qui disparaît à mesure que les inégalités sociales grandissent ?

 

Les villes moyennes sont mortes parce qu’on a poussé la classe moyenne à aller travailler en métropole. Et la faillite du modèle actuel va s’accentuer car beaucoup d’employeurs historiques des classes moyennes – comme les banques, les assureurs ou la distribution – annoncent des restructurations de grande ampleur. Mais se loger au cœur de la métropole est devenu inabordable pour ses représentants. Ces villes sont des cités pour CSP+ voire ++, les gens sont donc poussés à demeurer toujours plus loin de son centre, dans une super périphérie constituée de cités dortoir. Il reste les logements sociaux, mais ils ne seront jamais suffisants s’ils doivent compenser les territoires qu’on abandonne. Comme rien n’est réglé, le phénomène des Gilets Jaunes est appelé à se répéter. La présidentielle de 2022, j’en suis convaincu, se jouera sur le choix d’un modèle de société.

 

Pourquoi ?

Aujourd’hui la politique est pauvre sur la dimension du sens. Elle est pratique, technique, comptable, technocratique, technologique ou médiatique ; elle est aussi conjoncturelle, émotionnelle, disruptive ou provocatrice, mais il lui manque, me semble-t-il une profondeur indispensable pour accompagner la transformation numérique. La politique n’a de sens que si elle défend une certaine idée du progrès, inspirée par les valeurs qu’elle promeut ; elle n’est pertinente que si elle concilie un projet avec toutes les conditions nécessaires pour permettre à chacun d’y trouver sa place. Or ce n’est plus le cas.

 

Que proposez-vous, concrètement ?

Il faut permettre à chacun de vivre et travailler là où il le souhaite pour réaliser son projet de vie. La conception de l’Etat vis à vis des territoires doit passer d’une logique de domination à une logique de partenariat et d’un principe d’obligation à celui de contractualisation. Chaque Français doit être à moins un quart d’heure d’une ville moyenne et à moins 1h30 d’une métropole connectée au monde. C’est une question d’équité. L’aménagement du territoire doit se développer selon six principes : sanctuariser le maillage des villes moyennes, connecter les villes moyennes aux métropoles ; relier les métropoles entre elles ; organiser les connexions logistiques de chaque territoire avec le monde ; déployer les technologies sur l’ensemble du territoire ; faciliter à l’échelle des villes moyennes l’accès aux principaux services publics. Cette nouvelle géographie ne développera tout son potentiel que dans un traitement synchrone des flux d’information et des flux de marchandise. C’est à ce prix qu’un modèle de société mieux distribué viendra corriger un modèle d’dorénavant trop concentré.

 

[1]« Travailler là où nous voulons vivre », Jean-Christophe Fromantin, Editions Françpos Bourin

[2]Territoires, bien-être et politique publique – Janvier 2020

Merci pour votre confiance dès le 1er tour

Avec une très belle victoire à 60,25% dès le premier tour de scrutin (face à 6 listes dont LR et LREM .. ) je veux remercier mes électeurs pour leur confiance et leur fidélité, féciliter mes colistiers pour leur engagement et associer à ce succès mon équipe de campagne pour sa formidable mobilisation à mes côtés.

Je continuerai à mettre monindépendance et ma détermination au service de Neuilly-sur-Seine et de ses habitants.

Je continuerai à promouvoir un avenir et un projet pour nos territoires et à défendre les valeurs auxquelles je suis profondémment attachées

Le coronavirus gagnerait-il la bataille du sang-froid ?

C’est la question que l’on peut se poser en observant la fébrilité qui gagne les esprits. C’est la question que je me pose quand on me demande si je vais annuler une réunion publique dans le cadre du scrutin municipal. Les vraies questions sont celle de la confiance vis-à-vis des autorités sanitaires, celle de la cohérence dans nos propres décisions, c’est enfin celle de la responsabilité et du discernement qui valent pour chacun d’entre nous.

Les autorités sanitaires, par la voie du Gouvernement, posent des règles de prudence et des interdits. Si nous leur faisons confiance, respectons-les, attentivement, scrupuleusement, méthodiquement ; veillons, par nos actes et nos décisions, à ce qu’elles soient appliquées dans l’intérêt de tous. La porte-parole du Gouvernement a rappelé il y a quelques heures que les « décisions politiques étaient basées sur les avis scientifiques et médicaux ».  Or, à ce stade, que disent ces règles et ces interdits : De respecter des gestes barrières, de rester confiner chez soi en cas de doutes et de ne pas tenir des rassemblements de plus de 1000 personnes. Dont acte. Si on fait confiance aux autorités sanitaires, et si on considère – ce qui est mon cas – que les annonces sont faites à l’heure où elles doivent l’être, les anticiper participe d’un effet viral irresponsable.

Dans notre pays où le principe de précaution gouverne, aller au-delà des consignes, risque de nous entrainer dans un monde où les oukases gagneraient sur les libertés, où la fébrilité l’emporterait sur le discernement, où les réseaux sociaux prendraient le pas sur les décisions éclairées.

L’autre question est celle de la cohérence. On interdit les réunions de plus de 1000 personnes mais on laisse fonctionner des métros bondés. Pourquoi ? Au nom de quoi j’annulerais comme « candidat » une réunion politique alors que je laisserais fonctionner comme « maire » le cinéma municipal ? Le théâtre était complet mardi soir pour assister à une représentation théâtrale, et personne ne m’a demandé d’annuler la représentation …

Je préfère la cohérence aux postures et la logique à la panique.

Enfin, n’oublions pas que nous sommes libres : Libres de nous déplacer ou de rester chez nous, libres d’aller à une réunion ou pas, libres d’aller et venir selon nos craintes ou nos envies. Libres de suivre ce que notre raison nous dicte.

Dans une interview sur France Inter, le psychiatre Serge Hefez alertait hier sur le risque de l’angoisse quand elle devient aussi virale que le virus, et de rappeler les conséquences : « Le langage de la raison doit primer. Parce que le risque c’est bien celui de la panique. Le risque c’est que les normes s’effondrent, que le lien social s’effondre et que la panique s’empare et que là, plus personne ne s’en protège. Donc il faut montrer là aussi la solidité de ce lien social. Rappeler que les médecins sont là, qu’ils soignent, que la police est là et qu’elle protège, que les politiques sont là et qu’ils prennent des décisions. Surtout, il ne faut pas arrêter de parler du coronavirus, toujours avec le langage de la raison ».

Faisons preuve de responsabilité, de discernement et de sang-froid ! Courage …

Neuilly, ville la mieux gérée de France

Trois indicateurs importants viennent de confirmer la qualité de gestion de la ville :

Le 4 mars dernier, après avoir noté les métropoles, la Fondation IFRAP, spécialiste des politiques publiques, a établi le classement des 300 villes les mieux gérées de France à partir de critères de maîtrise des dépenses, de modération fiscale et d’endettement.Neuilly est en tête de ce classement.

Le 5 mars, Paris-Match a distingué les villes « les moins endettées » de celles « les plus endettées ». Cette évaluation a été réalisée avec les données de l’Observatoire des Finances et de la Gestion publique locale.Neuilly est dans le top 5 des villes les moins endettées.

Dans sa dernière évaluation, l’agence Moody’s a dégradé la note de la France ; par voie de conséquence et compte-tenu des interdépendances entre l’Etat et les collectivités, elle a dégradé les notes des villes.Neuilly est la seule ville épargnée par ce déclassement.

« Je me réjouis de cette reconnaissance de la bonne gestion de la ville. C’est d’autant plus important que ce critère apparait comme une priorité dans toutes les études d’opinion à l’occasion des élections municipales. Neuilly est bien gérée, ce qui nous permet de modérer la fiscalité et d’investir fortement pour son développement et son attractivité » rappelle Jean-Christophe Fromantin

Le renouveau des villes moyennes : Mon interview dans Le Figaro

Les vrais pivots pour l’avenir du pays, ce sont les villes moyennes !

LE FIGARO. – Le gouvernement travaille à un projet de décentralisation. Est-ce la bonne réponse ?

Jean-Christophe FROMANTIN. – Le concept même de décentralisation est obsolète. Dans un monde en réseau, la géographie des territoires doit être réinventée. Une récente étude du Cevipof, rappelait que 84% des Français veulent vivre dans les villes moyennes ou les villages. Le politique doit répondre à cette attente et remettre le réseau des villes moyennes au cœur du projet de société. Elles vont devenir les nouvelles centralités ! Les villes moyennes recèlent un potentiel inversement proportionnel à l’ambition que l’on a pour elles. Il faut désenclaver les métropoles, stopper l’hyper-densification et permettre à chacun de vivre là où il le souhaite. On a tout concentré dans quelques grandes métropoles, provoquant un développement asymétrique de la France, avec pour conséquences, un appauvrissement culturel, une crise du logement et une fracture territoriale sans précédents. On a créé des « périphéries », dans des zones mal desservies. On connait la suite avec la crise des gilets jaunes. Le géographe américain Richard Florida avait annoncé la crise des grandes villes. Paris n’y échappe pas.

 

Que proposez-vous ?

Nous allons passer d’un monde concentré vers un monde distribué. Depuis vingt ans, les politiques d’aménagement du territoire se sont faites sans anticipation, faute d’une vision politique et stratégique du développement géographique de la France. Or cette vision est une condition indispensable pour permettre un développement équilibré et à chacun d’investir sereinement : de l’habitant qui veut acheter un pavillon au maire qui veut développer sa commune. L’instabilité territoriale a découragé les projets d’achat ou d’investissements. Aujourd’hui, trop d’habitants se demandent : « le territoire où je vis a-t-il encore un avenir ? » C’est la raison pour laquelle, je propose de stabiliser le maillage des villes moyennes, de sanctuariser les réseaux de services publics et de développer les transports pour que chaque Français soit à moins de 20’ d’une ville moyenne, que chaque ville moyenne soit à moins d’1h30 d’une métropole et que chaque métropole soit connectée au monde.  À partir du moment où l’on aura posé un modèle durable, un signal de confiance et de réinvestissement très fort sera envoyé.

 

Comment peut-on répondre au désir des Français de vivre dans les villes moyennes quand une partie des emplois est concentrée dans les métropoles ?

 

Il faut comprendre que la valeur ajoutée pérenne est d’abord dans nos territoires. C’est l’innovation qui rend possible cette nouvelle fertilisation de nos atouts, là où nous voulons vivre. C’est la seule issue pour sortir des impasses économiques, sociales, environnementales, culturelles, dans lesquelles la métropolisation du monde risque de nous projeter. Elles permettent désormais à chaque ville et à chaque village d’être au centre du monde.

 

La loi SRU, neutralisée par l’absence de vison de l’Etat

A l’heure d’un 1er bilan à l’occasion des 20 ans de la loi SRU, on peut s’interroger sur son obsolescence au regard des attentes des populations et de ses résultats.

En premier lieu il faut rappeler que la loi SRU visait autant l’amélioration du logement que celle des mobilités, dans une perspective de développement durable. Or, force est de constater que l’absence de politique d’aménagement du territoire et la faiblesse des investissements de l’Etat en matière d’infrastructures de transport ont eu pour conséquences un développement asymétrique du pays et un déséquilibre structurel de l’offre de logements. Avec deux impacts : une situation de tension insoutenable dans les zones denses ; une situation de délaissement dans le reste de la France.

Une note récente du Conseil d’Analyse Economique *  sur le phénomène des gilets jaunes pointe cette situation et souligne l’impasse qu’a provoqué la surestimation des effets des politiques de métropolisation.

« Les bonnes intentions de la loi SRU ont été d’abord neutralisées par l’absence d’aménagement du territoire, créant une surtension dans les zones denses, une inflation des coûts de construction et une hausse du marché de l’immobilier – souligne Jean-Christophe Fromantin – la problématique du logement procède d’abord d’une vision équilibrée des territoires et des moyens de transport nécessaires, en particulier autour des villes moyennes »

Car aujourd’hui, si l’on se réfère aux nombreuses études dans ce domaine, les Français aspirent très majoritairement à vivre dans des villes moyennes ou à proximité. Ces villes bénéficient d’un véritable potentiel de logement, à des prix supportables, mais sont en carence d’équipements publics et privés, de moyens de transport et de télécommunications. C’est aux politiques publiques de combler ces manques.

« C’est là encore une des préconisations du CAE, qui, dans sa note récente « Territoires, bien-être et politiques publiques », appelle à ce que l’activité aille vers le logement plutôt que le logement vers l’activité (…) C’est toute la logique du logement qu’il faut repenser à l’aune des aspirations des Français et des atouts de nos territoires » selon Jean-Christophe Fromantin

Un autre facteur d’obsolescence de la loi SRU réside dans la dissociation de son périmètre d’application avec celui des politiques d’urbanisme. Les plans locaux d’urbanisme (PLU) ainsi que les programmes locaux de l’habitat (PLH) sont dorénavant des compétences intercommunales. Il serait par conséquent logique que les politiques de logement social soient positionnées à cette même échelle celle des outils permettant d’atteindre les objectifs fixés.

« Il est inconcevable de séparer les objectifs à atteindre des outils dont on dispose pour y arriver. Je plaide pour une reconfiguration des objectifs de la loi SRU à l’échelle intercommunale » rappelle le Maire de Neuilly.

Jean-Christophe Fromantin est membre du conseil d’orientation de IDHEAL (Institut Des Hautes Etudes pour l’Action dans le Logement)

* CAE- janvier 2020 : Territoires, bien-être et politiques publiques

Bonne année 2020

Dans la période de doutes que nous traversons, et face aux enjeux – dont certains se révèlent de plus en plus critiques -, la nécessité, voire l’urgence, d’un nouveau modèle de société devient crucial. De plus en plus de Français aspirent à un mode de vie plus apaisé, notre économie a besoin de se ressourcer, notre environnement et notre patrimoine reviennent au coeur des préoccupations partagées, l’innovation ouvre de nouvelles perspectives. Notre nouveau modèle de société devra s’inscrire dans ces aspirations profondes et préfiguratrices des nouveaux équilibres à développer. C’est dans ce sens que je mobiliserai mon énergie à Neuilly et mon engagement politique. Ce sont ces objectifs que j’ai envie de partager avec vous en 2020. Très bonne année à tous.

Jean-Christophe Fromantin

Retraites .. Stabilisons le projet

Il est temps aujourd’hui que le Gouvernement stabilise une perspective de réforme des retraites. Hier soir sur l’antenne de LCI j’ai regretté les multiples tergiversations de l’exécutif et appelé à ce que le projet soit mis en place selon 5 principes issus pour la plupart du rapport Delevoye : 1) la mise en place du système universel par point, 2) l’arrêt de la valeur du point sur la base d’un barème pré-défini qui assure aux Français la stabilité de leur pouvoir d’achat et leur permet facilement d’anticiper leur niveau de retraite, 3) la définition d’un système de bonus d’indexation du point qui permettra de prendre en compte les situations particulières comme la pénibilité, dans le public et le privé (ce barème faisant l’objet d’une négociation par secteur et par branche), 4) le principe d’un âge pivot flexible pour laisser à chacun la liberté de choisir, 5) la définition de cette fourchette d’âge pivot de telle manière à assurer l’équilibre du régime

 

Je lance ma campagne à Neuilly …

Le 23 novembre, j’ai lancé ma campagne pour les élections municipales de 2020 devant une salle comble. J’ai rappelé les nouveaux enjeux que nous devons relever, les difficultés liés à la complexité de la gouvernance territoriale en Ile de France, les aléas fiscaux et financiers auxquels nous sommes soumis (disparition de la DGF, réforme de la TH etc.). Avec l’équipe qui se constitue nous préparons une campagne de proximité au cours de laquelle les échanges, les propositions et les innovations seront nombreuses …

contact : fromantin2020@gmail.com

Ma tribune dans le #HuffPost : Une société de confiance ne se décrète pas …

Un an après la crise des gilets jaunes, deux questions restent dans les esprits : La crise est-elle passée ? Les problèmes qui en ont été à l’origine sont-ils résolus ou en voie de résolution ? Car la baisse d’intensité du mouvement peut s’expliquer autant par la satisfaction des manifestants que par un sentiment de résignation.

La meilleure façon de répondre à ces questions est de revenir à l’origine de la crise, et plus particulièrement à trois sentiments exprimés par les Français, en particulier lors de la première partie du mouvement des gilets jaunes : le délaissement, le déclassement et la défiance. La montée de ces sentiments – jusqu’à mettre des centaines de milliers de Français dans la rue – pointe l’obsolescence d’un modèle dont il n’est pas certain qu’elle ait été bien comprise de la part des responsables politiques. Certes, des mesures ont été prises, d’annulation de la hausse de la TICPE, de création d’une prime d’activité, de défiscalisation des heures supplémentaires ou d’annulation de la désindexation des pensions pour les retraités. Mais ces dépenses sont-elles la réponse ? Ont-elles permis de renverser les sentiments de délaissement, de déclassement ou de défiance qui traversent la société ? Sont-elles celles par lesquelles une véritable perspective d’avenir peut s’entendre pour tous les Français, quelque-soit l’endroit où ils vivent ? Manifestement non ; et force est de constater que malgré les efforts financiers du Gouvernement, jusqu’à renoncer à la trajectoire d’équilibre des comptes publics, la confiance n’a pas progressé d’un iota.

Car la réponse n’est pas seulement budgétaire. Une société de confiance ne se décrète pas ; elle ne s’achète pas ; elle ne se réduit pas à des hausses de pouvoir d’achat ; elle ne s’improvise pas non plus. Dans un monde doublement secouée par la crise écologique autant que par les technologies du futur, une société de confiance, celle par laquelle chacun peut imaginer un avenir meilleur pour lui et sa famille, mérite une promesse à la hauteur des enjeux. Et les Français ne s’y trompent pas ; en retenant leur consommation, en accroissant leur épargne et en s’endettant pour investir, ils fixent le cap ; ils font le choix du long terme davantage que le Gouvernement. Ils attendent des investissements plutôt que des dépenses.

La France ne sortira de la crise qui la touche en profondeur qu’en étant capable de répondre à un principe simple : celui de permette à chacun de vivre et de travailler là où il souhaite vivre. Dans une enquête récente du CEVIPOF et de l’AMF[1], à la question essentielle : « dans l’idéal, si vous aviez le choix, où aimeriez-vous vivre ? », les Français choisissent pour 45% un village, pour 41% une ville moyenne et pour 13% une métropole. Or, en abandonnant les territoires, en surestimant le modèle métropolitain et en vantant la « startup nation », le Gouvernement envoie un signal inverse de celui auquel aspirent les Français. Aucune mise en perspective d’une véritable ambition territoriale ne se profile : ni dans la loi mobilité qui ne trace pas l’architecture d’un nouveau maillage entre les villes moyennes et les métropoles, ni entre les zones rurales et les villes moyennes ; pas d’avantage dans le déploiement de la 5G qui se concentre vers les grandes villes, ni dans le financement des équipements publics que les Français aspirent à conserver près de chez eux ; pas non plus dans une approche économique qui consacre le primat métropolitain au détriment d’un véritable projet économique national. Aussi, le sentiment de délaissement a toutes les raisons de s’accroître et d’entrainer dans la spirale celui du déclassement. Les Français sont de plus en plus nombreux à considérer qu’ils appartiennent aux catégories les plus modestes[2]. Les mêmes, touchés par le délaissement, souffrent d’une dévalorisation de leur patrimoine due au caractère de plus en plus asymétrique du développement de la France. Entre des métropoles saturés et des villes ou des villages dévalués, faute d’un projet d’aménagement du territoire équilibré, la France fonctionne dorénavant comme un système spéculatif : l’investissement se cristallise sur quelques spots métropolitains à haut potentiel de gain. Par conséquence, le déclassement s’observe autant dans les métropoles où l’espace est de plus en plus contraint, la vie de plus en plus chère et l’emploi de plus en plus difficile, que dans les territoires où les équipements, les hôpitaux ou les écoles sont de plus en plus rares.

Ce que la crise des gilets jaunes a révélé, au delà des budgets et des dépenses, c’est une ambition et un programme. Car si demain le président sanctuarise nos 300 villes moyennes, celles des ronds-points, pour en faire des espaces de vie, apaisés, abordables, équipés en services publics, espaces d’intersections entre les zones rurales et les métropoles, alors j’en suis convaincu, les Français s’y installeront, les entreprises y resteront, les collectivités y investiront et le mouvement d’équilibre dont la France a besoin se fera par la confiance retrouvée.

 

 

 

[1]Enquête Cevipof-Sciences-Po- AMF avec IPSOS auprès de 15308 personnes – juin 2019

[2]Enquête IFOP octobre 2019 – entre 2009 et 2019, la part de ceux qui déclarent « appartenir à la classe moyenne » est passée de 70% à 58%, et la part ceux se déclarant « modestes » a augmenté de 15% atteignant la barre des 38%.

Analyse de mon dernier livre dans la revue Pouvoirs locaux

Pouvoirs Locaux – novembre 2019 – par Arnaud Gabardos –

Jean Christophe Fromantin est, depuis 2008, maire de Neuilly-sur-Seine. Il a été Conseiller général des Hauts-de-Seine en 2011 avant d’être élu député en 2012. Très investi sur les questions liées aux territoires, il défend notamment la nécessité de repenser le modèle territorial français pour mieux aborder les enjeux de la mondialisation et enclencher une série de réformes structurelles dont la France a besoin. Il appelle également une refonte de l’organisation de l’État pour une meilleure efficience de la politique et des dépenses publiques. Chef d’entreprise, Jean-Christophe Fromantin est un entrepreneur, engagé sur les questions économiques et de mondialisation. Fort de ces expériences d’élu et de chef d’entreprise il a publié plusieurs essais liés à l’aménagement du territoire : Mon village dans un monde global : la place de la France dans la mondialisation (Bourin Éditeur, 2011), Le Temps des territoires (Bourin Éditeur, 2012), ou encore La France réconciliée (Éditions de l’Archipel, 2014). Le soir du premier tour des régionales, le 6 décembre 2015, il annonce son départ de l’UDI. Déçu du système politique et des partis, il affirme la nécessité de renouveler la classe politique par la société civile au sein des territoires et monte une plateforme internet « 577.fr » visant à réunir 577 candidats pour les élections législatives de 2017. Il publie ainsi, en mai 2017, un ouvrage expliquant la démarche : « 2017, Et si c’était vous ? » aux Éditions Michel Lafon.

Le progrès : la métropolisation ? Jean-Christophe Fromantin dresse d’abord le portrait de notre société : tout en paradoxes, nos comportements ne seraient pas en adéquation avec nos aspirations. Il constate que progressivement notre vie se construit « hors sol », l’innovation nous éloigne de la nature et des uns les autres. Si tous ces paradoxes prospèrent, une série d’impasses dont deux majeures menaceraient : Une impasse politique. Il faut un projet et une vision politique qui permettent de réinterroger l’idée de progrès et de positionner l’innovation là où elle doit être « un moyen d’action au service du bien commun ». Une impasse géographique ou sociogéographique. Pour l’auteur, notre avenir se dessine autour d’une métropolisation du monde qui conduira inévitablement à l’abandon de nombreux territoires. Les territoires soulèvent de nombreux défis qui tiennent à leurs aspérités naturelles et qui ont été à l’origine de nombreuses innovations. « En désertant les territoires dont la géographie soulève un certain nombre de difficultés, on renonce non seulement à nos atouts mais aussi a trouvé les solutions les plus modernes qui permettraient de lever ces contraintes ».

Ce phénomène de métropolisation contribue à la propagation d’une société standardisée et déterritorialisée. Dans cet essai, le maire de Neuilly-sur-Seine met en avant la notion de bonheur, notion rare dans un essai politique, et d’autant plus sous la plume d’un élu de la République. Aristote nous dit pourtant que « le bonheur consiste dans un état de satisfaction totale, qui est la fin naturelle et ultime de l’homme, ce grâce à quoi il se réalise, s’épanouit » (Aristote, Éthique à Nicomaque, I, 5). Pour Aristote, la finalité propre du politique, c’est le Bonheur (Aristote, le Politique, I, 2). À travers cet essai, l’auteur veut tendre vers cet idéal aristotélicien : le politique doit établir un projet pour rendre le Bonheur aux citoyens. Albert Camus quant à lui, nous rappelle à quel point la nature est essentielle pour notre bonheur. Pour Jean- Christophe Fromantin « le bonheur est intimement lié à la qualité de la relation que nous développons avec la nature et c’est pourquoi le progrès ne peut s’opposer à elle ». Il identifie trois facteurs qui conditionnent le bonheur parmi lesquels pouvoir vivre là où l’on désire vivre, pouvoir vivre d’un travail qui nous donne un sentiment d’utilité, qui représente notre contribution à la société et enfin notre contribution à un projet collectif, représentée par nos relations sociales, par la société dans laquelle nous évoluons. À suivre son exposé, ces trois facteurs propices au bonheur sont aujourd’hui fortement dégradés en raison de l’évolution de notre société vers la métropolisation notamment. Son analyse rejoint en cela de nombreux chercheurs tel que le géographe Guillaume Faburel, auteur de l’ouvrage Les métropoles barbares. Démondialiser la ville, désurbaniser la terre mai 2018, Librairie Eyrolles, qui constate que le modèle de la métropole ne fonctionne pas. D’après lui, il faut changer de références et de lunettes et réfléchir aux alternatives déjà parfois présentes dans les périphéries pour, à l’inverse, les faire ruisseler vers le centre. La métropolisation est le fruit de l’ère industrielle. Les métropoles sont devenues une configuration idéale pour suivre, maîtriser et encadrer nos modes de vies. En effet, au cours de l’histoire, l’humanité a recherché le meilleur compromis entre une qualité de vie et le besoin de travailler. Mais le travail a toujours primé dans ce choix. L’homme vit là où le travail l’entraîne. C’est encore vrai aujourd’hui. Les experts estiment que d’ici 2030 près de 70 % de la population vivra dans des villes. Certains considèrent ce « tout métropole » comme inéluctable. Toutefois, pour l’auteur, si les métropoles continuent à aspirer les territoires, alors l’humanité finira par se trouver dans une impasse.

Jean-Christophe Fromantin fait le constat que cette métropolisation conduit à une ségrégation et une désertification des territoires. Les métropoles conduiraient à l’isolement et à l’individualisation, une affirmation à relier à l’encyclique Laudato sidu Pape François qui évoque le relativisme pratique en ces termes : « quand l’être humain se met lui-même au centre, il finit par donner priorité absolue à ses intérêts de circonstances ». Il en ressort la conviction que notre société a glissé progressivement – notamment en raison de l’absence d’une vision politique – vers une métropolisation qui oublie les territoires, les exclut et finit par isoler les individus eux-mêmes dans un monde standardisé, contrôlé et maîtrisé par les géants d’internet. La crise des gilets jaunes tend à conforter cette analyse. Nombre d’individus qui ont pris part à ce mouvement se sentaient isolés, exclus, abandonnés par la puissance publique, soit parce qu’ils vivent dans les périphéries des grandes villes — la métropole isole en son sein même -, soit parce qu’ils se trouvent dans des territoires ruraux dont les ressources ont aussi été absorbées par les métropoles. On retrouve là la « France périphérique » que dénonce le géographe Christophe Guilly (La France périphérique, Éditions Champs, septembre 2015). Toutefois, l’auteur défend l’idée que l’innovation peut conduire au bonheur dès lors qu’elle est mise au service du bien commun. Il suffit de trouver l’équilibre. Territoires et innovation : la recette du Bonheur? Jean-Christophe Fromantin identifie trois facteurs nécessaires à la création d’un nouvel équilibre territorial. Tout d’abord, le facteur sociologique lié à l’aspiration de chacun de choisir son mode de vie. Le second facteur tiendrait à ce que les technologies peuvent permettre d’emmener le travail et la consommation là où nous vivons. Enfin, le troisième facteur dépend d’une diversité culturelle et territoriale. Pour l’auteur, il est possible de parvenir à un compromis entre le bien-être, l’activité économique, la qualité de soin et l’environnement. Cela passe par le progrès et l’innovation : « une bonne liaison numérique permet de pallier une grande partie l’écart entre les services accessibles en Ile-de-France et dans le Limousin ». Le développement de la télémédecine par exemple permet d’améliorer l’offre de soin qui est un facteur essentiel de bien-être. Des nouveaux dispositifs auront sûrement raison des déserts médicaux dans les années à venir. La pharmacie de la ville ou du quartier assurera un certain nombre d’actes médicaux basiques.

 

L’innovation est censée permettre à chacun de vivre là où il le désire tout en ayant la qualité des services existants dans les espaces métropolitains : « cette recherche de bien-être doit inspirer le projet de notre société ». Par exemple, l’innovation permet de dissocier entreprise et lieu de résidence grâce à la qualité des connexions mise en place depuis les espaces de coworking. Ainsi, affirme l’auteur, pourra-t-on dans le futur choisir là où l’on veut vivre sans tenir compte du critère « travail ». Toutefois, si ces solutions semblent de bonnes idées, leur mise en œuvre pourrait s’avérer plus compliquée. Certains territoires restent difficiles d’accès et les entreprises qui recherchent avant tout le profit, peuvent décider de ne pas investir dans des territoires jugés peu rentables. « Le numérique permet d’établir à distance une grande partie des déplacements qui étaient jusqu’à ce jour indispensables ». Les technologies bouleversent effectivement les notions d’espaces et de temps. Ces innovations vont, selon l’auteur, permettre de nous « libérer de la densification urbaine que de nombreux usages nous imposaient jusqu’à présent ». Toutefois, l’innovation crée aussi des inégalités, et il est probable que certaines personnes se retrouvent à devoir vivre là où elles trouveront du travail, du fait de certaines difficultés sociales ou économiques, si on ne répond pas à ces inégalités.

L’auteur met en exergue le fait de redistribuer l’économie. Les technologies permettront de valoriser les atouts de chaque territoire de notre planète. Une économie moderne n’existera que par les efforts conjugués de différenciation et de spécialisation au cœur de tous les territoires. Le tourisme est une opportunité pour accélérer cette perspective de reterritorialisation de notre économie entraînant une spécialisation des territoires sur ce qu’ils font de mieux. Pour Jean-Christophe Fromantin, le potentiel de travail qui existe dans les territoires mérite d’être davantage exploré afin d’en extraire toutes les richesses. « En imaginant une nouvelle géographie du progrès qui passe par un redéploiement des populations là où chacun souhaite vivre, plutôt que par le seul prisme de la concentration urbaine, là où il est question de notre épanouissement au contact des autres ». L’auteur soulève ici le problème de l’isolement engendré par l’innovation et l’utilisation des nouvelles technologies. Les relations de proximité, d’amitié et de solidarité sont toutes aussi importantes. C’est dans la diversité que les relations sociales se créent. Grâce à l’innovation, le village, la ville, pourraient devenir l’espace d’un projet partagé par ceux qui aspirent à une même qualité de vie. C’est de cette manière que, pour l’auteur, l’hospitalité se réinventera.

Permettre a chacun de vivre là où il le souhaite Pour permettre aux Français de se reconnecter avec la nature, de pouvoir choisir de vivre ou ils désirent en fonction de leurs priorités, de retrouver le bonheur, Jean- Christophe Fromatin propose ici quatre grandes orientations politiques. Il propose d’abord de reconnaître et de protéger le patrimoine et la culture de nos territoires, qui sont pour lui les racines de notre Nation dans lesquelles chacun peut puiser sa stabilité. Ensuite, il théorise une réorganisation des territoires et une réforme institutionnelle d’envergure, basées sur deux couples : région-métropole et ville moyenne intercommunalité. L’aménagement du territoire s’opérant autour de ces deux pôles qui sont interconnectés, chaque échelon ayant un rôle défini. Cette proposition ambitieuse, permettrait d’avoir un niveau « local », au plus près des citoyens répondant à leurs attentes du quotidien et un niveau « régional » permettant de faire la connexion avec un monde de plus en plus globalisé. L’auteur avançant l’idée que chaque partie du territoire devrait se trouver à un quart d’heure maximum d’une ville moyenne et à 1 h 30 maximum d’une métropole. Jean-Christophe Fromantin propose également de mettre en place un grand plan de financement qui soit « vaste et ambitieux pour remettre la France à niveau ». Ainsi ces investissements se feraient par une mobilisation convergente des Français, des entreprises des collectivités territoriales et de l’État autour de ce grand projet. Cette proposition aurait le mérite de fédérer les Français autour d’un projet commun, qui fait actuellement défaut. Enfin, l’auteur propose de territorialiser le retour à l’emploi, et de régionaliser le SMIC ce qui permettrait de tenir compte du niveau de vie de chaque territoire. L’idée étant de rapprocher la solidarité et le social des citoyens. La solidarité pour être concrète et tangible doit être réalisée au niveau local. Jean-Christophe Fromantin dresse, dans cet essai, un portrait de notre société, qui tend de plus en plus vers la métropolisation, induisant une individualisation des comportements. Pour lui, cette métropolisation ne peut que nous conduire dans une impasse, en coupant les citoyens de leurs aspirations profondes, en les coupant de la nature. Il propose de repenser l’organisation territoriale de la France pour lui permettre de mieux répondre à la mondialisation, de reconnecter les Français à leurs aspirations, mais aussi à leurs territoires et a fortiori à leurs concitoyens. Cet essai politique permet d’imaginer une France plus belle, plus forte, plus responsable et plus solidaire. L’influence chrétienne est prégnante dans cet ouvrage et l’auteur – chose rare sous une signature politique – met en avant la notion de bonheur. Il formule quatre propositions qui pourraient être à la base d’un programme politique pour la présidentielle, afin de permettre aux Français d’être heureux, en travaillant là où ils veulent vivre.

L’innovation est censée permettre à chacun de vivre là où il le désire tout en ayant la qualité des services existants dans les espaces métropolitains : « cette recherche de bien-être doit inspirer le projet de notre société ». L’auteur propose de territorialiser le retour à l’emploi, et de régionaliser le SMIC ce qui permettrait de tenir compte du niveau de vie de chaque territoire. L’idée étant de rapprocher la solidarité et le social des citoyens. La solidarité pour être concrète et tangible doit être réalisée au niveau local.

 

Logements HLM : le maire de Neuilly-sur-Seine propose de rendre la loi SRU applicable

COMMUNIQUE DE PRESSE

Compte-tenu de nombreuses informations qui circulent sur la décision favorable de la Courd’appel de Versailles à la ville de Neuilly-sur-Seine à propos de ses objectifs de logements sociaux, Jean-Christophe Fromantin tient à préciser quelques points.

« Notre approche vise à contester des objectifs dont la réalisation est structurellementet économiquement inatteignable (…) Cette absence de discernement de l’Etat est lourd de conséquences en termes de pénalités, cela représente plus de 6 millions d’EUR/an »déclare le maire de Neuilly-sur-Seine.

La Cour d’appel de Versailles, dans son arrêt du 20 juin dernier a confirmé cette approche, évoquant « l’erreur manifeste d’appréciation » de la part de l’Etat.

La position de la ville est constante

Depuis la Commission nationale du logement, saisie par le maire actuel, qui avait retenu en 2009 une baisse des objectifs triennaux pour Neuilly-sur-Seine, la ville interpelle l’Etat sur le maintien d’objectifs irréalistes compte-tenu du contexte : absence de foncier, faibles mutations immobilières et contraintes économiques.

« Quand bien même les opportunités existeraient, il faudrait débourser plus de 2 milliardsd’EUR dans les 5 ans qui viennent pour boucler l’objectif (…) ni la commune, ni l’Etat, niles bailleurs sociaux, ne seraient en mesure de mobiliser de tels montants, rappelle le maire qui précise également que ce n’est pas tant le principe de la loi qu’il conteste mais ses modalités d’application et l’absence de prise en compte des efforts réalisés ».

La ville précise à ce sujet que depuis 10 ans, les 2/3 des permis de construire octroyés le sont pour des logements sociaux et qu’elle a toujours adopté les mesures d’incitationproposés (prime de surdensité, taxation des résidences secondaires, droit de préemption renforcé etc.)

Le Maire de Neuilly a fait plusieurs propositions concrètes :

  • –  Au niveau de la commune, il incite l’Etat, propriétaire via la Caisse des Dépôts et Consignation de près de 1000 logements, à aller au-delà des 1,4% de logements sociaux sur le parc qu’il détient à Neuilly
  • –  S’agissant de la loi SRU, il demande que le périmètre de ses objectifs soit celui des intercommunalités qui ont déjà récupéré les compétences d’urbanisme et d’habitat.
  • –  Enfin, au plan national, il invite l’Etat à se doter d’une politique plus « visionnaire »en matière d’aménagement du territoire et à remettre en cause le modèle « tout métropolitain » qui va tendre la situation et ne répond plus aux aspirations des populations.

    Contact presse : François-Xavier DOAT 06.31.23.53.64

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francois-xavier.doat@evidenceparis.fr

Loi d’orientation des mobilités (LOM) : l’Exécutif passe à côté d’un virage stratégique

COMMUNIQUE DE PRESSE

Alors que notre organisation spatiale montre chaque jour son obsolescence économique, sociale et environnementale ; alors que se creusent les inégalités territoriales et que l’accès aux services publics est de plus en plus difficile ; la future loi sur les mobilités (LOM), actuellement en discussion à l’Assemblée, devrait être une occasion de poser les bases d’une nouvelle stratégie d’aménagement du territoire qui préfigure les attentes profondes et urgentes de la société.

Mais selon Jean-Christophe Fromantin, Maire de Neuilly-sur-Seine, l’Etat passe à côté d’un virage stratégique majeur, à quatre niveaux :

  1. Cette loi ne répond pas à la question sensible de la distribution territoriale.
    Le développement de la France passera par une prospérité plus harmonieuse qui articulera les villes moyennes, les métropoles, les zones rurales et intègrera les connexions avec le reste du monde. Les mobilités ferroviaires et routières, mais aussi les mobilités douces, devraient être conçus en étoile autour des deux pivots que constituent les métropoles et les villes moyennes. Or, l’absence de schéma directeur en mesure de constituer une toile de fonds limite très fortement l’intérêt de ce texte.
  2. L’approche économique est pour le moins aléatoire, en ce sens qu’elle renvoie année après année aux lois de finance mais aussi par la faiblesse et la fragilité des financements envisagés. Une nouvelle ambition territoriale mériterait que les mobilités et les infrastructures nécessaires fassent l’objet d’un programme précis, d’un financement pluriannuel et d’une série de grands emprunts publics, souscrits en partie auprès des Français, dont les niveaux d’épargne et l’attachement au développement de leur territoire constitueraient un puissant levier d’investissement autant qu’un gage de confiance.
  3. L’absence d’engagement et de prise en compte des technologies est surprenant. L’avenir des mobilités n’est pas concevable sans intégrer pleinement l’innovation technologique : pour sa contribution directe au fonctionnement des mobilités, comme la 5G pour les transports autonomes en zone à faible densité ; pour les perspectives d’entrepreneuriat et le potentiel du travail à distance qu’offrent les tiers-lieux (coworking, FabLab etc.) ; ou pour un meilleur accès aux services publics et de soins via le maillage en fibre optique et en 5G.
  4. En matière de développement économique et de logistique, ce texte ne considère pas les attentes de nouvelles mobilités professionnelles. La massification des flux, le commerce en ligne, la fragmentation des chaines de valeurs sont autant d’évolutions qui appellent une vision globale. La prospérité de nos territoires passe par leur intégration dans l’hinterland des grands ports maritimes ; des plateformes logistiquesdoivent être positionnées de façon stratégique au plus près des zones de consommation; des équipements aéroportuaires doivent être connectés aux zones de production à valeur ajoutée etc. Ces dimensions sont absentes du texte, or il n’est pas imaginable de dissocier la prospérité économique des lieux de vie.

« Ce texte, en ce qu’il vise à établir des connexions, est délié d’une vision moderne et durable de l’aménagement du territoire […] Nous avons besoin – où que nous vivions, en ville ou à la campagne – qu’il dessine une ambition nouvelle faisant des métropoles et des villes moyennes les deux pivots d’un projet de prospérité pour tous […] Positionner chaque Français à moins d’1/4 d’heure d’une ville moyenne offrant les services de proximité qu’ils attendent, et chaque ville moyenne à moins d’1h30 d’une métropole connectée au monde, pourrait être le principe d’un développement équitable, équilibré et ambitieux pour tous les territoires » déclare Jean-Christophe Fromantin

Jean-Christophe Fromantin est maire de Neuilly-sur-Seine, Conseiller métropolitain, il a publié plusieurs ouvrages sur l’aménagement du territoire dont le dernier « Travailler là où nous voulons vivre » Ed. François Bourin.

Il y a faillite stratégique de l’Etat en matière de déploiement de la 4G et de la 5G

Ma tribune dans Le Huffington Post …

En 1960, le Gouvernement élaborait le premier plan routier pour la France ; en 1963, il se dotait d’un véritable outil programmatique d’aménagement du territoire ; à chaque fois il témoignait d’une vision stratégique de la France, d’une recherche d’équilibre et d’une exigence de développement pour l’ensemble de nos territoires. Pour autant, alors que s’amorçaient les premières concessions pour construire les autoroutes, il n’était pas imaginable de donner aux entreprises la liberté de réaliser la carte des liaisons autoroutières selon leurs propres critères. Cette idée – de laisser ou non les concessionnaires décider de l’aménagement du territoire –, si elle parait absurde, correspond néanmoins à ce que l’on vit depuis quelques années avec le déploiement des moyens de télécommunications.

A l’heure où l’avenir de nos territoires dépend de la qualité de leurs connexions, la carte du déploiement numérique est laissée à l’appréciation des opérateurs de télécommunication. Même si le Gouvernement s’en défend, s’il dit ne plus vouloir faire de la 5G un objectif budgétaire, il n’en demeure pas moins, qu’au-delà de quelques principes et des ratios que l’Arcep soumet aux opérateurs, aucune programmation territoriale n’est proposée. Rien n’est élaboré sur la base d’une perspective stratégique d’aménagement du territoire français. S’il est demandé aux opérateurs d’équiper au moins deux villes, de diversifier les sites, de s’intéresser aux axes de communication ou de mettre des fréquences à la disposition des industriels, aucune vision d’avenir, ni aucun maillage structurant n’est pour autant arrêté pour guider leurs investissements et donner un objectif politique à cette technologie.

Ce renoncement est particulièrement grave car il prive la France d’un levier indispensable à son développement. Quatre axes stratégiques, à échéances précises, devraient être soumis aux opérateurs : l’engagement ferme et préalable d’une mise à niveau de l’ensemble du territoire en 4G (la promesse du « new deal mobile » de 2018 ne semble déjà plus être respectée) ; l’équipement en 5G des chefs-lieux de département et de l’ensemble des 232 unités sous-préfectorales afin de doter nos villes-moyennes d’une qualité de débit, propre à assurer le développement de services publics innovants et d’usages professionnels de nouvelles générations (télémédecine, enseignement à distance, hyper-industrie, réseaux logistiques etc.) ; l’équipement des huit métropoles-pivots pour libérer le réseau 4G et permettre progressivement avec la 5G le déploiement de nouvelles fonctionnalités à forte valeur ajoutée ; la couverture des axes de déplacements prioritaires – entre les villes moyennes et les principales métropoles, au sein même des métropoles, et entre les métropoles – afin de préfigurer les réseaux des futures mobilités autonomes et durables.

Une vision et une définition claire et précise d’une stratégie territoriale française, carte à l’appui, sont aujourd’hui indispensables pour donner un véritable sens aux investissements numériques. Car la désertification accélérée des territoires et la saturation métropolitaine mettent les Français face à des choix cornéliens et menace nos équilibres économiques et sociaux. Le déploiement des fréquences, s’il ne participe pas d’une vision politique et stratégique de la France, risque d’amplifier les fractures territoriales plutôt que de les résoudre.

L’enjeu des 350 Mhz qui seront attribués dans les prochains mois doivent l’être, avant tout, à l’aune d’une ambition politique.

Pour ceux qui préfèrent leur commune aux partis …

Mon parti c’est ma ville !

COMMUNIQUE

Juin 2019

Jean-Christophe Fromantin lance un appel aux maires et aux candidats libres en vue des municipales de 2020

Dans la perspective des élections municipales de 2020, Jean-Christophe Fromantin, Maire indépendant de Neuilly-sur-Seine, lance le label « Mon parti c’est ma ville !» et invite tous ceux dont leur commune est leur priorité à exprimer leur liberté et leur détermination à agir.

« Le maire est l’élu qui cristallise la confiance des Français. Il est le socle de notre démocratie et du pacte de confiance nécessaire à la bonne marche du pays. Face aux crises que nous traversons, la liberté des candidats sera un signal fort vis à vis des Français. Dans l’intérêt de nos communes, nous devons rassembler autour d’un projet ; nous devons montrer le sens premier de notre engagement ; nous devons répéter que nous sommes libres de tout calcul, de toutes allégeances ou contingences politiciennes et que les listes que nous formerons, ou auxquelles nous participerons, seront davantage inspirées par les talents et la disponibilité des candidats que par des concessions faites aux formations politiques nationales » déclare Jean-Christophe Fromantin

Le label « Mon parti c’est ma ville ! » sera accessible par tous les candidats, affranchis de toute appartenance et de toute négociation avec un parti politique national. Il suppose l’adhésion à une Charte qui énumérera quelques principes simples d’indépendance, de compétence, d’attachement à la libre administration des communes et de défense d’un aménagement du territoire équilibré, durable et équitable.

« Alors que élus municipaux agrègent le mieux la confiance des Français et que les partis politiques sont au dernier rang du baromètre de la confiance (cf. Baromètres CEVIPOF 2018 : 9% de confiance pour les partis politiques !), il semble plus que jamais nécessaire que le prochain scrutin municipal ne soit pas un enjeu de pouvoir à la main des partis mais l’expression sincère des Français sur l’avenir de leurs communes et de leur quotidien » rappelle le maire de Neuilly qui plaide depuis plusieurs années pour un renouveau politique depuis les territoires.

Le lancement officiel du Label « Mon parti c’est ma ville » est prévu en octobre prochain

Informations : contact@territoiresenmouvement.com

Contact presse : 0645166897

 Eléments introductifs de la Charte :

  • Chaque élection municipale est une chance pour fédérer les citoyens autour d’un projet pour leur ville ou leur village. Ce scrutin est celui de la proximité, du pragmatisme et du dialogue. Il ne participe des enjeux de politique nationale que pour défendre l’avenir et la prospérité de chaque territoire. Il échappe aux calculs d’intérêts des partis, aux carrières politiques ou aux tactiques personnelles. L’élection municipale est le socle de la confiance et de la démocratie.
  • A l’heure des choix pour notre vie quotidienne, les candidats aux élections municipales doivent faire preuve d’une grande indépendance d’esprit et d’une totale liberté d’action. Chaque ville suffit à justifier nos convictions et appelle plus que jamais notre complète détermination au service des Français.
  • Nous sommes plus que jamais attachés au principe constitutionnel de libre administration des communes. Nous défendons un aménagement du territoire équilibré, équitable et durable. Nous considérons que chaque territoire est une chance pour tout le pays.
  • Les crises que nous traversons montrent l’urgence d’exprimer cette liberté et de construire dans chaque ville les liens authentiques de proximité et de confiance dont la France a besoin.

La Charte d’engagement des candidats sera orientée dans 5 directions :

  • Promouvoir des valeurs démocratiques, de transparence et d’indépendance
  • Proposer un projet adapté aux enjeux de la commune et œuvrant pour un développement juste et prospère
  • Faire de la qualité de l’environnement et de la promotion du patrimoine matériel et immatériel de la commune, des priorités pour consolider ses atouts
  • Constituer une équipe dont les compétences, la disponibilité et la liberté seront les principaux critères
  • Défendre une vision redistribuée et mieux équilibrée de la France et de ses territoires.

BIO et parcours politique

Jean-Christophe FROMANTIN : « nos territoires sont le vecteur grâce auquel nous recréerons une société de confiance »

Chef d’entreprise dans le domaine du commerce international, Jean-Christophe FROMANTIN a été élu Maire de Neuilly-sur-Seine en 2008, bousculant le jeu politique, et réélu avec 67% des voix dès le 1er tour en 2014, sans jamais appartenir à aucun parti politique. En 2011 il a été élu Conseiller départemental des Hauts-de-Seine et en 2012, Député de la 6ème circonscription des Hauts-de-Seine, toujours « sans étiquette ». Il a été un des créateurs d’un groupe indépendant à l’Assemblée nationale (UDI) puis en est sorti en 2015 pour siéger comme non-inscrit. Il revendique cette indépendance. Il est convaincu depuis 2008 de la fin des partis politiques que l’absence de vision et les difficultés à défendre des valeurs ont transformé en communautés d’intérêt. « Ils ne sont plus le vecteur pour le projet de société dont la France a besoin »

Auteur de nombreux ouvrages, Jean-Christophe FROMANTIN a beaucoup travaillé sur un renouveau politique à partir des territoires, indispensable pour recréer une « société de confiance ». Il plaide pour une redistribution plus harmonieuse de la France entre les villes moyennes et les métropoles. Il défend une revitalisation économique de la France à partir des avantages comparatifs que recèle la diversité culturelle et géographique du pays. Il défend un projet social autour des villes moyennes comme pivot : « elles offrent toute la palette des solutions pour le logement, le travail et l’épanouissement de chacun »

Porteur et promoteur de la candidature de la France pour une Exposition universelle, il anime aujourd’hui une réflexion à l’échelle internationale sur les valeurs et enjeux universels du monde.

Quand l’Europe convoque la culture pour donner un socle à son destin

A quelques jours du scrutin européen, n’oublions pas l’essentiel.

Les élections du 26 mai risquent d’être marquée, une fois encore, par l’indifférence des Français. A la question : « par qui souhaitez-vous être représentés au Parlement européen ? » beaucoup éluderont en prétextant une [légitime mais dangereuse] résignation. «Légitime », car sans les excuser de manquer à leur devoir, on peut comprendre leurs déceptions voire leurs colères vis à vis de la classe politique ; mais « dangereuse », car la résignation épuise la confiance et entame progressivement l’équilibre du contrat politique.

Alors, essayons de répondre à la question en s’intéressant aux personnes – n’est-ce pas l’essentiel quant on évoque la confiance ? –. Sortons du jeu suranné des partis pour focaliser notre attention sur les personnalités dont la probabilité est forte qu’elles siègent au Parlement européen. Deux d’entre-elles parmi les têtes de listes « européennes » iront quoiqu’il arrive à Strasbourg : Nathalie Loiseau et François-Xavier Bellamy. Si leurs capacités d’action seront sérieusement tempérées – à la fois par les pouvoirs limités que les Institutions européennes donnent au Parlement et par l’influence des groupes qu’ils rejoindront – ils incarnent, l’un et l’autre, une voix, des idées et un projet. C’est ce qui doit nous intéresser puisque l’Europe est aujourd’hui interpellée jusqu’à sa raison d’être. C’est à cela que nous devons réagir. Car, si Nathalie Loiseau et François-Xavier Bellamy, comme beaucoup d’entre nous, conviennent des enjeux contemporains auxquels le monde est confronté, de la reconnaissance des Traités existants et d’une politique européenne pour y répondre, ils se différencient d’abord par l’ambition et par le sens. Or, au questionnement sur sa raison d’être, l’Europe ne peut s’arrêter à des réponses circonstancielles ou conjoncturelles. Elle doit convoquer son histoire et son destin. Et, de ce point de vue les deux ouvrages de François-Xavier Bellamy – Les Déshérités et Demeures – offrent une contribution essentielle. Ils inscrivent l’Europe dans une culture qui forge à la fois notre sentiment d’appartenance et notre avenir. Car la raison d’être de l’Europe n’est pas seulement d’exister face à la Chine ou aux USA, mais de consolider et de transmettre sa conception de la liberté. Tous les défis européens – en particulier la paix et la prospérité mais aussi notre attachement à la dignité de la personne humaine – procèdent de cette valeur centrale. C’est bien notre conception de la liberté qui donne un sens au développement durable, à la lutte contre les économies prédatrices, à la question de l’immigration, au combat pour les droits de l’Homme ou à la diversité culturelle. Dans ses deux Essais François-Xavier Bellamy s’engage sur ces principes-socles. Son approche participe d’une ambition européenne dont la France a besoin dès lors qu’elle rappelle son attachement à la liberté : n’est-ce pas aujourd’hui la priorité ?

Replanter des cèdres au Liban

J’étais à Bécharré vendredi 3 mai dans les montagnes du nord-Liban pour soutenir le programme de replantation de 1 million de cèdres. Une formidable initiative, pleine de sens qui redonne à ces belles montagnes du Mont Liban une perspective nouvelle. La communauté libanaise de Neuilly soutient ce projet et participe à son financement.

L’urgence d’un nouveau modèle de société

Les crises sociales ou économiques qui se multiplient pointent l’obsolescence d’un modèle de société issu de la révolution industrielle. L’heure n’est plus à la concentration urbaine, ni à l’hyper-concentration – qui nous est pourtant vendue comme la grande modernité du XXIème siècle (sic). Ce modèle montre ses limites dans tous les domaines, social, économique, culturel ou environnemental ; il ne caractérise plus le progrès mais plutôt un asservissement que les technologies amplifieront si nous persistons. L’isolement, les difficultés à se loger, la destruction du tissu industriel, la sur-valorisation de l’économie financière, le nivellement culturel ou les îlots de chaleurs sont les marqueurs incontestables de cette fin de cycle.

L’urgence est de promouvoir un nouveau modèle – redistribué – où chacun pourra vivre là où il le souhaite; où le logement ne sera plus contraint par l’injonction métropolitaine; où nous pourrons mieux tirer parti économiquement (et en terme d’emploi) du patrimoine dont nous sommes les dépositaires; où la qualité de l’environnement sera une chance plutôt qu’une charge … Les technologies sont la clé de ce nouveau modèle ; elles nous permettront progressivement d’accéder, quelque-soit l’endroit où nous vivons, à ce que la ville était jusqu’à présent la seule à pouvoir nous offrir. L’accès à la connaissance – mais aussi à la consommation, au cinéma ou demain à la santé – sera davantage une question de réseau que de concentration.

La véritable révolution n’est pas l’innovation, mais ce que nous en ferons !

Ce nouveau modèle s’organisera autour d’espaces et de carrefours. Il implique une vision politique résolument nouvelle. Il nécessite un projet moderne et innovant d’aménagement du territoire pour revasculariser la France et ses territoires. Il ne se fera qu’avec une mobilisation des Français autour d’une perspective d’avenir où ils seront aussi des investisseurs. C’est le projet que développe « Territoires en mouvement » – http://www.territoiresenmouvement.com – et que j’ai développé dans mon livre « Travailler là où nous voulons vivre – vers une géographie du progrès » Edition François Bourin.

COMMUNIQUE : Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly-sur-Seine devient Président de la Commission « ville de demain » du CEPS.

« Les villes ont toujours été le témoin de leur époque (…) La culture, l’économie ou l’évolution des modes de vie façonnent leur avenir. Je ne crois pas que le métropolisation soit le reflet du monde qui se dessine. Je pense au contraire que nous allons redécouvrir les bienfaits de la géographie, l’attractivité des territoires et que la ville retrouvera progressivement sa vocation d’interface »

 Le Centre d’Etude et de prospective Stratégique (CEPS), créé en 1985, présent dans 12 pays, est un organisme indépendant qui fédère près de 4500 décideurs. Son objectif est de d’analyser et de mettre en perspective les facteurs d’évolution technologiques, économiques et financiers du monde contemporain afin d’accompagner aussi bien les entreprises, les institutions que les États à se positionner dans un environnement mondial

Première pierre des Allées de Neuilly

Ce matin, je pose la 1ère pierre des « Allées de Neuilly ». Un projet de grande envergure, amorcé il y a 10 ans, pour réinventer l’axe Maillot-Défense et impulser une nouvelle ambition à la perspective royale tracée par Le Nôtre en 1670. Un projet qui permet de créer 10ha d’espaces publics, de répondre aux grands défis environnementaux et de renforcer l’exceptionnelle attractivité de Neuilly.

Avec le concours de l’Etat, de la Région Ile de France et de la Métropole du Grand Paris, les Allées de Neuilly s’inscrivent dans une approche contemporaine et ambitieuse. Cet aménagement privilégie le cadre de vie et redonne au patrimoine une place centrale pour faire de la ville un espace singulier. Merci à tous ceux qui, par leurs contributions ou leurs encouragements, jalonnent la mise en œuvre des Allées de Neuilly.

Quand l’exécutif fait des propositions fiscales aussi erratiques, il accrédite le phénomène d’instabilité qui empoisonne la France.

La créativité des ministres sur l’évolution de la fiscalité trahit la méconnaissance du fameux « cap » dont le Premier ministre et le Président nous assuraient qu’il serait tenu. J’avais compris que ce cap consistait à ne pas augmenter la fiscalité, dont acte ; mais force est de constater que les 10 milliards d’EUR déjà lâchés aux Gilets jaunes, les perspectives de croissance pour 2019 revues à la baisse, l’absence de décisions significatives sur les dépenses publiques et probablement les annonces issues du Grand débat, feront de cet objectif une chimère.

C’est sans doute ce qui explique les nombreuses prises de position des membres du Gouvernement au concours du « Comment créer de nouveaux impôts ? »ou du « Qui va-t-on faire payer davantage ? ». Ils font naturellement preuve d’anticipation. On comprend mieux.

Mais le plus catastrophique dans cette séquence de cacophonie fiscale est sa perception. Car la stabilité fiscale, dont tout le monde s’accorde sur le fait qu’elle est déterminante pour l’investissement et le développement économique, est une fois encore mise à mal par l’incohérence surprenante des positions des membres du Gouvernement. Cette instabilité est notre talon d’Achille, et c’est bien parti pour qu’elle le reste encore longtemps. Comment inciter qui que ce soit à investir dans un pays dont on est prêt à remettre la fiscalité à plat moins de deux ans après le scrutin des Présidentielles ? Comment croire à la vision commune d’un exécutif dont le Premier ministre, son ministre des finances et son ministre du budget font des propositions fiscales aussi erratiques ? Comment rétablir la confiance quand une épée de Damoclès pèse sur une économie dont les prélèvements obligatoires sont déjà les plus élevés au monde ? L’instabilité fiscale, davantage que la fiscalité elle-même, mine en profondeur notre économie. Elle nous prive des engagements nécessaires sur le long terme pour opérer de véritables transformations.

Le projet politique actuel de la France est faible à plusieurs titres : Il manque à la fois d’une vision et de ressources stables et pérennes ; il est fragile par la détérioration de ses fondamentaux économiques et sociaux. Espérons que l’atterrissage du Grand débat dépassera les mesures de circonstances pour, enfin, tracer un cap sérieux et ambitieux.

Et si nous inventions un nouveau modèle d’Exposition universelle … ?

COMMUNIQUE DE PRESSE

12 février 2019

 

Et si nous inventions un nouveau modèle d’Exposition universelle … ?

 

L’association EXPOFRANCE qui avait initiée et animée la candidature de la France pour l’Exposition universelle de 2025 lance une nouvelle initiative.

 

  • L’expérience de la candidature française à l’Exposition universelle de 2025 – abandonnée soudainement par le Premier ministre en janvier 2018 – a été riche de contributions et d’enseignements.
  • La plupart de ceux qui ont accompagnés cette aventure a souhaité analyser et restituer tous ces éléments pour ne pas qu’ils soient oubliés et puissent, le cas échéant, constituer les bases d’un nouveau projet d’Exposition universelle.
  • Ce travail d’analyse et de proposition est réalisé dans le cadre d’une initiative nouvelle prise par l’association EXPOFRANCE : « Les Ateliers de l’Universel »
  • Les travaux des Ateliers de l’Universel ont démarré en octobre 2018 avec une première échéance en novembre 2019. Au cours de cette période plusieurs initiatives sont lancées : Un travail de synthèse des idées fortes de la candidature ; des rencontres thématiques en France ; et un tour du monde sur le thème des valeurs et enjeux universels et sur la manière dont ils pourraient à nouveau s’incarner au XXIème siècle. Des fascicules sont édités chaque mois qui retranscrivent les débats et les rencontres.
  • Plusieurs retours permettent d’ores et déjà de constater à quel point le format actuel des Expositions universelles est perçu comme obsolète et combien l’attente est forte – dans un monde qui se tend et se rétracte – d’une nouvelle proposition plus en phase avec les enjeux contemporains. Cela rejoint beaucoup des sujets de discussion que nous avions avec le BIE mais aussi avec l’Etat pour tenter de moderniser le concept des Expositions universelles dont le dernier règlement date de 1928.
  • Une valeur socle fait consensus qui avait été proposée par les jeunes dès 2015 : L’hospitalité ; un enjeu se dessine : Celui de faire de chaque personne et de chaque territoire une chance pour la société toute entière ; un paramètre nouveau doit être pris en compte : Les mobilités technologiques.
  • Le programme des Ateliers de l’Universel en 2019 approfondira cette question de l’universalité à l’aune des transformations du XXIème siècle. Une grande convention internationale est prévue le 26 novembre 2019 au Musée de l’Homme à Paris pour partager les conclusions et faire la proposition d’un nouveau format d’Exposition universelle …

 

« Les nouveaux enjeux du monde justifient que l’on s’interroge, avec la même audace et la même passion que ceux qui ont créés les Expositions universelles en 1851, sur le sens du progrès et la manière de fédérer tous ceux qui veulent y contribuer »rappelle Jean-Christophe FROMANTIN, Président d’EXPOFRANCE

Hospitalité et réconciliation : Regards croisés avec Robert Schuman

Le samedi 26 janvier dernier, avant d’intervenir sur le thème de l’hospitalité dans le cadre des rencontres du TMLI (Thomas More Leadership Institute) à Rome, j’assiste à deux conférences dédiées à deux grands témoins contemporains dont l’action politique a participé des grands enjeux universels du XXème siècle : Robert Schuman (1886-1963) et Edmond Michelet (1899-1970). Les conférenciers[1] qui tracent les itinéraires et l’œuvre de ces hommes politiques d’exception évoquent plusieurs des qualités et des valeurs auxquelles ils étaient profondément attachés ; mais une des valeurs essentielles qu’ils avaient en commun attire mon attention plus que les autres car elle trouve un écho particulier par rapport à l’intervention que je projette : La réconciliation. Au cours d’un siècle qui a ouvert une des plus grandes plaies que les civilisations aient à connaître, Robert Schuman et Edmond Michelet ont œuvré pour la réconciliation et pour la paix. Ils défendaient cette idée de la paix que Spinoza a si bien exprimée : « La paix n’est pas l’absence de guerre, c’est une vertu, un état d’esprit, une volonté de bienveillance, de confiance, de justice ». Schuman appelait chacun à avoir le courage de rencontrer le monde ; Michelet invitait à ne pas couper les ponts. Cette paix qu’il faut sans cesse encourager et promouvoir, appelle une disposition permanente à la réconciliation. C’est la raison pour laquelle cette valeur universelle ne se réduit pas à des circonstances ; par son caractère fondamentale elle appelle de notre part, quelques-soient les époques et nos positions politiques ou sociales, que nous nous engagions à en être d’incessants et d’infatigables promoteurs. « Nous sommes appelés à un travail de réconciliation disait Michelet, dans le calme, la discrétion et la charité chrétienne » ; Schuman appelait à trois niveaux de réconciliation : Avec la création, avec son semblable et avec soi-même.

J’entends avec d’autant plus d’intérêt et d’émotion ces témoignages sur la réconciliation qu’ils sont à la fois les prérequis et une des conséquences de cette valeur-socle que des jeunes du monde entier avaient proposé pour la candidature française à l’Exposition universelle de 2025 : L’hospitalité.

Après avoir rappelé quelques éléments de contexte sur les travaux que nous menons dans le cadre des Ateliers de l’Universel (www.lesateliersdeluniversel.org), j’oriente mon intervention sur l’hospitalité. Je rappelle qu’elle a été cette valeur sous-jacente de notre candidature et qu’elle avait généré l’expression d’une invitation au monde de la part des jeunes : « Au cœur des territoires s’ouvre celui des Hommes »

Les trois dimensions de l’hospitalité à partir desquelles je développe mes propos entre en résonnance particulière avec celles citées plus haut, par lesquelles Robert Schuman évoquait la réconciliation :

D’abord, il n’y a pas d’hospitalité sans les deux dimensions de la confiance : confiance en soi et confiance vis à vis des autres. Malheureusement n’est pas dans ce sens que la société avance. Le monde contemporain est profondément marqué par une double défiance : vis à vis de ceux qui nous sont étrangers, fussent-ils nos propres voisins ; mais aussi souvent par rapport à nous-même au travers du doute ou de la recherche de sens. Les effets de cette perte de confiance se mesurent très clairement à toutes les échelles : Elle entraine une rétractation des pays et des tensions internationales dont l’actualité nous livre quotidiennement les conséquences ; elle provoque un isolement croissant des personnes, dont les plus fragiles sont les plus touchés ; elle participe aussi d’un individualisme aigu que les technologies flattent et stimulent chaque jour davantage.

L’hospitalité tire également son principe universel de sa simplicité ; elle est avant tout un acte spontané d’accueil à la portée de tous. Elle se façonne dans l’empathie, dans la confiance et dans la bienveillance. L’accueil de l’autre participe directement de l’altérité dont nous avons besoin pour aller vers un progrès authentique qui s’épanouit dans l’échange et le partage des cultures et des connaissances. La qualité d’accueil des plus modestes est la preuve vivante du caractère universel de l’hospitalité ; leur enthousiasme,  souvent inversement proportionnel à leurs ressources, révèle pleinement la prévalence des relations humaines sur les moyens matériels.

Une troisième dimension universelle de l’hospitalité s’incarne dans la diversité de la géographie et des richesses du monde. C’est le sens de la réconciliation avec la création qu’évoquait Robert Schuman. Toutes les composantes naturelles et culturelles de notre environnement participent très directement de notre faculté d’hospitalité. Car, la fierté que nous tirons du sentiment d’appartenance et le bonheur que nous éprouvons à faire découvrir à l’autre ce qu’il ne connaît pas, donnent à l’hospitalité son authentique valeur. C’est la raison pour laquelle, les risques de nivellement culturel et de délitement des identités sont probablement les grandes menaces qui pèsent sur l’hospitalité et par conséquent sur l’universalité. Si nous vivons demain dans un monde identique, stéréotypé, standardisé, que nous restera t-il à partager ? Qu’aurons-nous à découvrir et à faire découvrir ?

Je ne peux pas m’empêcher d’évoquer le militantisme du géographe Elisée Reclus (1830 -1905) dont l’ouvrage en six volumes « L’Homme et la terre » témoigne de cette réalité géographique dont la diversité façonne le monde autant que les relations sociales.

« Au cœur des territoires s’ouvre celui des Hommes » … Cette phrase que les jeunes avaient conçus comme une invitation incarnait cette exigence qu’évoquait Schuman d’oser aller à la rencontre du monde. Le défi reste à relever.

[1] Père Cédric Burgun est docteur en droit canonique, il a participé étroitement aux travaux en l’élaboration du procès en canonisation de Robert Schuman ; Mesdames Lucienne Sallé et Nicole Lemaître, respectivement membre du Conseil Pontifical pour les laïcs de 1977 à 2006, et historienne, professeur émérite à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ont travaillé à la postulation de la cause d’Edmond Michelet.

Neuilly participera au débat national

Dialogue local […] Débat national

« Les tergiversations sur les thèmes ou sur l’organisation ont marqué un démarrage précipité et quelque peu confus du Grand débat. Cependant il nous appartient d’en faire celui dont la France a besoin pour redéfinir son projet de société. Et de répondre à une question centrale : Comment permettre à chacun de vivre, de travailler et d’être heureux là où il le souhaite ? »

C’est sous l’intitulé « Dialogue local […] Débat national » que le maire de Neuilly lance cette semaine une contribution au débat proposé par le Président de la République.

 

« J’ai souhaité que nous ayons une contribution à la fois plus globale et concrète du débat afin que l’approche locale serve autant de point d’entrée que de point d’ancrage pour les enjeux nationaux comme pour les sujets locaux ; car nos concitoyens ne segmentent pas, ils attendent une modernisation de l’action publique dans toutes ses dimensions dans une relation efficace et responsable entre les échelons locaux, nationaux et européens, ils font d’abord confiance aux Maires pour être le pivot de ce renouveau »rappelle le Maire de Neuilly.

 

Le dispositif mis en place dès cette semaine s’intitulera Dialogue local […] Débat national ; il comportera trois dimensions :

 

  • L’ouverture d’un registre sur le site Internet de la ville et en mairie afin de recueillir les contributions de la population ;
  • L’organisation d’une grande réunion publique en février autour de la question « Quel modèle de société pour la France ? » animée par le maire et enrichie par des interventions de personnalités qualifiées et d’élus dont le rôle sera de poser clairement les enjeux et les défis à relever ;
  • La mise en place en mars et avril d’une consultation des administrés sur l’action publique locale suivie de l’organisation d’ateliers sur les thématiques qui auront été les plus demandées.

 

Le maire transmettra les retours des administrés à l’autorité en charge de la coordination du débat ainsi que des préconisations.

 

« Rétablir la confiance par la démocratie de proximité ; avoir une ambition pour le développement de toute la France ; bâtir une nouvelle économie à partir de nos avantages comparatifs et des singularités que recèlent nos territoires ; et donner un sens à l’innovation en la mettant au service des choix de vie auxquels aspirent les Français (…) c’est dans ces termes, dans un esprit constructif, que j’avancerai en espérant que cette ambition sera partagée » déclare Jean-Christophe Fromantin